Depuis plusieurs années, le monde politique, tout comme le monde économique, bredouille sur les rapports entre la Suisse et l’Union européenne. Faute d’un vrai capitaine du dossier européen qui rappelle clairement l’objectif et tienne fermement le cap dans le champ politique et médiatique, tout un chacun est devenu un grand spécialiste de l’enjeu. Chacun y va de son couplet sur les meilleures modalités de négociations et du meilleur agenda pour faire aboutir le dossier européen. La démission de Didier Burkhalter s’inscrit aussi dans ce brouhaha politique et médiatique. Les multiples discussions au sein du Conseil fédéral, où il est devenu impossible de trouver une claire majorité, ainsi qu’au Parlement, où l’appui des partis bourgeois en faveur d’une solution rapide dans nos rapports avec l’Union européenne s’est lentement délité, ont rendu impossible la poursuite sereine des négociations et ont cassé l’enthousiasme de l’européen de raison qu’est Didier Burkhalter.
Au-delà de la démission surprise, mais logique, de Didier Burkhalter et de l’effervescence sur sa succession, force est de constater que le débat sur le sens de nos rapports avec l’Union européenne est totalement enchâssé dans de multiples concepts technocratiques tels qu’accord cadre, accord institutionnel ou accord de consolidation (de la voie bilatérale). Or, ces concepts arides ne parlent aucunement aux citoyennes et citoyens et ne suscitent aucune émotion collective, indispensable pour les fédérer autour d’un projet ou d’une idée. En particulier, les multiples discussions parfois byzantines sur ces concepts occultent le vrai projet politique de nos relations avec l’Union européenne, un réel et solide partenariat incluant les dimensions économique, sociale, académique et culturelle.
Revenons à l’essentiel : ce qui est en jeu, c’est justement un partenariat solide entre la Suisse et l’Union européenne. Les contours définitifs de ce partenariat sont certes importants, mais chaque citoyenne et citoyen sait, par expérience propre, ce qu’est un partenariat. Un rapport entre deux partenaires, empreints de confiance réciproque, qui – dans le respect des spécificités de chacun – permet d’avancer ensemble vers un projet commun.
L’idée d’un partenariat solide entre la Suisse et l’Union européenne doit retrouver sa place pour redonner du souffle au débat politique, sortir d’une discussion purement technocratique et captive du discours isolationniste instillé par l’UDC et son porte-voix hebdomadaire, la Weltwoche.
Développer un nouveau langage compréhensible est le seul moyen pour retrouver la confiance politique et populaire. Les citoyennes et citoyens suisse le savent toutes et tous, l’Union européenne, avec l’ensemble des pays qui la composent, est notre principal et incontournable partenaire économique, commercial, social, académique et culturel. Il tombe donc sous le sens, pour tout le monde, que la Suisse et l’Union européenne doivent sceller un vrai et solide partenariat.
Les discussions de ces prochains jours, semaines et mois au sein du Conseil fédéral, avec à la clé la très probable modification du mandat de négociation avec l’Union européenne, doit être l’occasion de réinventer le discours. Le changement à la tête du DFAE devrait faciliter la conquête des esprits autour de cette idée de partenariat avec l’Union européenne.