Par un temps hivernal, les 10’000 participant-es ont marché de la Schützenmatte à la Place fédérale en passant par la vieille ville de Berne. Elles et ils y ont été accueilli-es par la musique de Nadin Branitskaya et Victor Solomin. Les deux musiciens professionnels ont fui après le début de la guerre et vivent désormais en Suisse avec leur fille. Les sons du luth domra ukrainien et le chant de Nadin Branitskaya ont ému les personnes présentes.
Sur la Place fédérale, le rassemblement final a tout d’abord été l’occasion d’une prise de parole en direct depuis l’Ukraine d’Olesia Briazgunova, représentante de la Confédération des syndicats de l’Ukraine (FVPU). Sa description de la situation sur place était saisissante : « je parle au nom des travailleuses et travailleurs qui doivent continuer à travailler durant les bombardements ou qui sont contraints de se rendre dans les abris souterrains pour se protéger. Au nom du personnel médical qui sauve des vies de civil-es et de militaires. Au nom des syndicalistes, qui apportent de l’aide humanitaire et évacuent des habitant-es des zones de combat. »
Alexandra Karle, directrice d’Amnesty International Suisse, a plaidé pour un accueil généreux et facilité des personnes déplacées en Suisse. Elle a critiqué les agissements guerriers russes : « la Russie attaque de manière ciblée des installations civiles et transforme les voies de fuite en pièges mortels. Le siège de Marioupol rappelle douloureusement celui d’Alep, en Syrie. La population doit se tapir dans les sous-sols sans électricité, sans eau, sans nourriture ni soins médicaux. Des bombes sont déversées au hasard et frappent les hôpitaux, les quartiers résidentiels, les écoles. »
Hanna Perekhoda, représentante des comités de soutien au peuple ukrainien de Suisse romande, a appelé à faire cesser les flux d’argent qui financent la guerre : « d’immenses fortunes d’oligarques suisses se trouvent dans des coffres suisses. Les sanctions décidées doivent être appliquées, et les fonds doivent être bloqués. »
Rita Famos, présidente de l’Église évangélique-réformée, s’exprimant au nom du Conseil suisse des religions, a lancé avec insistance un appel à la paix : « tous les êtres humains désirent la paix. La paix dans le monde est un objectif qui réunit toutes les religions. Mais la paix ne tombe pas du ciel. Elle doit être obtenue, préservée et défendue chaque jour, par toutes et tous. »
La réalisatrice Anjelika Smirnova Oberholzer et la journaliste Ekaterina Glikman ont évoqué, elles, la situation des Russes critiques face au régime, en particulier résidant à l’étranger. La première a ainsi décrit son sentiment au début de l’attaque : « nous, Russes critiques du régime de Poutine, étions comme paralysé-es. Ce pouvoir a provoqué le pire cauchemar. Mais nous, nous n’avons pas voulu cette guerre. Nous voulons que la guerre en Ukraine s’arrête. » Ekaterina Glikman, collaboratrice du journal indépendant Novaja Gazeta qui a été forcé de suspendre son activité en raison des lois de censure votées en Russie, a poursuivi : « il faut un courage immense aujourd’hui en Russie pour dire la vérité. Le faire, c’est prendre un très grand risque. La Novaja Gazeta a payé au prix fort le prix Nobel de la paix attribué l’an passé au rédacteur en chef Dimitri Murativ. Six journalistes de la rédaction ont déjà été tués. » Et de conclure par un appel qui n’aurait pas pu être prononcé en Russie, mais qui a été immédiatement partagé par la foule : «Нет войне! Non à la guerre ! »
Les prises de parole étaient modérées par Benoît Gaillard de l’Union syndicale suisse (USS). Elles se sont terminées par une minute de silence à la mémoire des victimes de la guerre.
La manifestation était soutenue par les organisations suivantes :
- Syndicats : USS, SEV-syndicat du personnel des transports, SSP, SSP-ONG, syndicom, Unia, Travail.Suisse, APC
- Communautés religieuses : Eglise évangélique réformée de Suisse, Conférence des Evêques Suisses, Eglise catholique-chrétienne de la Suisse, Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) (un appel n’est pas possible à cause du shabbat), Plateforme des Juifs Libéraux de Suisse (PJLS), Fédérations des Organisations islamiques de Suisse (FOIS), Conseil suisse des religions
- Partis : PEV, Femmes du PEV et *jpev Suisse, PLR.Les Libéraux-Radicaux et Jeunes Libéraux-Radicaux, LES VERT-E-S, Réseau femmes Vertes et Jeunes Vert·e·s Suisse, Vert’libéraux, Femmes vert’libérales et Jeunes vert’libéraux Suisse, Le Centre, Le Centre Femmes et Jeunes du Centre, PS Suisse, Femmes socialistes et JS Suisse
- Société civile : Société Ukrainienne, Amnesty International Suisse, Oeuvre Suisse d’Entraide Ouvrière, Solidar, Solifonds, SWISSAID, EPER, alliance F, GSsA, Jungwacht Blauring Schweiz (Jubla), Femmes de Paix Autour du Monde (PWAG), Coordination post Beijing des ONG Suisses, WILPF Suisse, Bürger:Innen-Komitee Frontex NEIN, WeCollect, cfd, Femmes protestantes en Suisse, Feministisches Kollektiv Winterthur, Feministisches Streikkollektiv Zürich, droitsfondamentaux.ch, männer.ch, Pink Cross, Forum für Friedenskultur Ilanz, Femmes* pour la Paix, Frauenzentrale Zürich, MIR Suisse, Réseau Suisse-Transcarpathie/Ukraine, Journal Neue Wege, Religiös-sozialistische Vereinigung (RESOS), Conseil Suisse pour la Paix, Denknetz, LOS – Organisation suisse des lesbiennes, WOZ, Campax, Comités de soutien avec le peuple ukrainien et les opposant-e-s russes à la guerre Genève, Vaud, Fribourg, Comitato ticino contro la guerra in Ucraina e di solidarità con la popolazione dell’Ucraina e con chi si oppone in Russia alla guerra di Putin, Secondas Zürich, Mouvement européen Suisse, Ensemble à Gauche Genève, Basisgruppen-Bewegung Schweiz, ATE, ethik22 (Institut für Sozialethik), KAB, Libereco, Theologische Bewegung für Solidarität und Befreiung, Association suisse pour les droits des femmes, Mouvement Scout de Suisse, CSAJ, Ligue suisse des femmes catholiques, Milchjugend, RAZAM (Dialogue Suisse-Bélarus), Pro Natura