Un contexte à exploiter
Tout le monde semble s’accorder sur le fait que la Suisse doit continuer à bénéficier d’une flotte d’avions de combat destinée à la police du ciel et à la protection de notre espace aérien, et cela avec une capacité d’intervention étendue, soit 24/24, 7 /7 et 365 jours par an.
C’est sur la question de la capacité de combat aérien que diffèrent avant tout les opinions selon son positionnement politique. D’aucuns à la droite de l’échiquier politique mettent en avant les tensions qui existent aux confins de l’Europe, en Ukraine en particulier, pour justifier le renforcement de notre flotte, oubliant que ces événements dramatiques ne représentent que les derniers soubresauts de la grande réorganisation géopolitique de l’Europe qui a succédé à la chute du mur de Berlin et à la disparition du monde communiste , lesquels ne sont pas susceptibles de répandre la guerre en Europe.
Car depuis 1989 l’essentiel des pays membres du pacte de Varsovie et les pays Baltes en prime ont adhéré à l’OTAN et à l’Union européenne. Aujourd’hui, avec l’Autriche, la Finlande, la Suède et l’Irlande, la Suisse est l’un des rares pays européens à ne pas être membre de l’OTAN ; c’est un fait objectif qui crée un contexte privilégié et extraordinairement favorable pour notre pays, qui se trouve au milieu d’un continent protégé par cette alliance militaire, car, sur la base de l’article 5 du traité de Washington (son traité fondateur), l’OTAN s’est engagée à riposter à toute agression contre l’un de ses pays membres.
Et l’on avance souvent les risques que pourrait représenter la Russie, mais il faut garder à l’esprit que ce pays, bien qu’il s’emploie à reconstruire une armée crédible, ne dispose à l’heure actuelle pour se réarmer que de 8 % du budget militaire de l’ensemble des pays de l’OTAN… La Suisse peut être considérée objectivement comme un passager clandestin de l’OTAN, et pour notre pays les risques de guerre ont en fait potentiellement disparu. Cependant, d’autres risques existent, en particulier le terrorisme, et il reste prioritaire de pouvoir protéger notre espace aérien, en collaboration avec nos pays voisins et amis. Car le ciel reste l’une des voies d’attaque possible de notre pays.
Une bataille de chiffres
Alors de combien d’avions de combat la Suisse a-t-elle besoin pour cette mission de police aérienne ? 8 ou 12 ou alors plus, 20 ou 30 ? Il est vrai que pour disposer d’une capacité de police aérienne, 8 à 12 avions pourraient suffire. Cela correspond en gros à ce que l’Allemagne utilise, mais il ne faut pas oublier qu’à côté de cela notre voisin dispose de plus de 200 avions de chasse.
Nous devrons acquérir un nombre d’avions de combat qui tienne compte, outre la mission prioritaire de la police aérienne, de la plus que jamais nécessaire formation des pilotes dont le nombre devrait s’accroître en rapport avec l’extension du temps d’engagement (chaque pilote doit pouvoir obligatoirement effectuer, chaque année, un nombre minimum d’heures de vol) et des heures de vol possibles pour chaque avion durant l’ensemble de sa durée d’exploitation. Vingt à trente avions en fonction du type d’avion paraît une fourchette raisonnable, mais la question de la durée d’exploitation de nos F/A-18CD Hornet soulevée par le parti socialiste reste ouverte.
Et il ne faut surtout pas oublier que notre victoire lors du vote sur l’acquisition des Gripen en 2014 doit se concrétiser à l’avenir : le choix du Conseil fédéral à l’époque était de remplacer les F5 Tiger par des Gripen tout en conservant parallèlement une flotte de F/A-18. Avec l’idée de remplacer dans un deuxième temps les F/A-18 et ainsi disposer toujours de deux escadrilles avec 50 à 60 avions au total. Aujourd’hui, il est question de remplacer nos 30 F/A-18. Il nous faut veiller à conserver à l’avenir au maximum ce nombre d’avions, soit une seule flotte de 20 à 30 avions selon le type d’avion choisi. C’est ce dont notre pays a besoin pour assurer la sécurité de son espace aérien en collaborant de manière efficace avec nos voisins européens.