Sur le dos des femmes
Derrière ces constats amers, il y a d’innombrables histoires individuelles. Des femmes et des hommes qui, ayant travaillé toute leur vie, ne peuvent plus espérer une retraite correcte et digne pour leurs vieux jours. Mais une autre menace pèse sur le débat… celle de la rupture d’une promesse sociale historique – celle du droit à une retraite pour tout le monde, une retraite qui ne soit pas synonyme de pauvreté.
Malheureusement, avec le projet AVS 21, le Parlement poursuit actuellement sur la voie des réductions de prestations dans l’AVS. Dans son état actuel, il ne s’agit que d’un démantèlement, qui plus est sur le dos des femmes – alors qu’elles reçoivent aujourd’hui des rentes les plus basses, souffrant douloureusement à la retraite des conséquences des inégalités perdurant dans la vie professionnelle et sociale. Avec AVS 21, la majorité de droite ignore cette réalité.
Un référendum indispensable
Elle ignore la plus grande mobilisation sociale de l’histoire récente : la grève des femmes de juin 2019. Et elle ignore aussi les réalités politiques : une réforme qui, de facto, réduit les prestations pour les femmes rencontrerait une opposition résolue dans les urnes. C’est d’ailleurs ce qu’a montré l’appel lancé en février par l’Union syndicale suisse (USS) sous le slogan « pas touche aux rentes des femmes », et qui a réuni en quelques jours plus de 300 000 signatures en ligne.
Arrêter cette spirale négative
La raison commanderait de sortir des logiques comptables et des scénarii catastrophistes pour l’AVS. Il faut maintenant repartir, tout simplement, des problèmes concrets et de la situation économique. Il convient dès lors d’éviter une spirale baissière des rentes des premier et deuxième piliers, et, au contraire, s’engager sur le chemin inverse. D’une part, les taux d’intérêts durablement bas imposent de renforcer le système par répartition, alors que la capitalisation ne produit plus les rendements escomptés. D’autre part, alors que le monde est secoué par une crise sans précédent, créer de la sécurité et de la prévisibilité financières pour les gens qui travaillent devrait figurer parmi les priorités absolues. Augmenter les rentes AVS constitue l’une des manières efficaces de renforcer le pouvoir d’achat et de redistribuer les richesses.
Renforcer la solidarité
Notre contre-projet tombe à point nommé : nous demandons le renforcement du premier pilier, avec le versement aux retraités actuels et futurs d’une treizième rente. Et nous continuerons à nous engager pour que la question de nouvelles recettes pour l’AVS soit posée. Nous avons besoin de renforcer, et non d’affaiblir, cet instrument formidable de solidarité.