Il est temps que la Suisse reconnaisse ses enfants et cesse de créer de nouveaux étrangers. L’éléphant a mis neuf ans pour accoucher de ce qui pourrait sembler être une souris. L’initiative parlementaire «La Suisse doit reconnaître ses enfants» a été déposée en 2008 par Ada Marra. La conseillère nationale socialiste demandait à ce que les migrants de la 3e génération établis en Suisse obtiennent la nationalité sur demande des parents. Nous voterons le 12 février prochain «La naturalisation facilitée des étrangers de la 3e génération» pour mettre en terme à un article constitutionnel incompatible avec la démocratie du XXIe siècle.
Premièrement, cette votation se déroule dans un contexte politique de durcissement de la loi sur la nationalité fédérale décidée par les chambres en 2014 et qui sera mise en application dès le 1er janvier 2018. Ce durcissement devrait nous permettre de prendre conscience qu’il est temps de faire un geste pour les jeunes sans passeport suisse de notre pays. Deuxièmement, cela nous fait comprendre que le compromis d’une naturalisation facilitée est bénéfique pour les suisses et les jeunes migrants.
Le changement garantit le principe que le jeune de la 3e génération sera considéré comme intégré de facto. Le canton ou la commune pourront s’opposer à la Confédération s’ils estiment que le jeune n’est pas intégré. C’est un changement de paradigme car jusqu’à présent la personne demandant la naturalisation doit prouver qu’elle est intégrée. Les compétences de naturalisation pour cette 3e génération deviendront uniquement fédérales. Cela implique que les cantons n’ayant rien prévu dans leur législation cantonale seront obligés de l’appliquer. Plus de 2200 communes n’auront plus leurs propres procédures administratives, comme l’évoque le film Les faiseurs de Suisses. Il y aura donc une harmonisation de la procédure garantie par la Constitution à laquelle toutes les communes et tous les cantons devront s’adapter.
Dans un contexte de mutations sociopolitiques où les questionnements identitaires deviennent de plus en plus en plus cruciaux, il ne faut pas remettre en doute leur sentiment d’appartenance à la Suisse. Priver ces enfants d’une citoyenneté à part entière pourrait avoir pour effet la création de nouvelles exclusions et discriminations. Une politique qui risquerait d’engendrer des sentiments de rejet et de replis identitaires vers le pays de leurs grands-parents. Il est temps de transmettre un message de citoyenneté positif, fort et intégrateur, aux jeunes issus de la migration. Il est temps que la Suisse reconnaisse ses enfants. Ces enfants en font partie et ils devront être acceptés comme des citoyens à part entière. Comme nous tous.