L’apprentissage d’une langue ne se limite pas à une question de vocabulaire. C’est la découverte d’une autre culture, d’une autre façon de voir le monde. Remettre en question l’apprentissage de nos langues nationales, c’est mettre en danger les subtils équilibres sur lesquels la Suisse est construite.
Il est d’ailleurs surprenant de constater que ces offensives viennent de milieux politiques qui se prétendent patriotes, mais qui semblent préférer donner la priorité à l’anglais plutôt qu’à une langue nationale.
Il reste encore une chance de voir le Grand Conseil thurgovien revenir à la raison lors du vote final en juin. Dans le cas contraire, la Confédération sera dans l’obligation d’intervenir, conformément à la Constitution et à la volonté du peuple suisse. En effet, la population s’est exprimée à une majorité écrasante (86%) en 2006 en faveur d’une harmonisation du système scolaire suisse. Depuis lors, l’article 62 de la Constitution prévoit que, si les cantons ne parviennent pas à se coordonner dans cet effort d’harmonisation, la Confédération devra légiférer. La question de l’enseignement des langues en fait évidemment partie. Le Conseil fédéral devra prendre ses responsabilités et faire respecter la Constitution et la volonté populaire.
Enfin, comme enseignant, je constate que, du point de vue pédagogique, ces décisions politiques n’ont aucun fondement sérieux. Il est clair que l’apprentissage précoce des langues reste la méthode la plus efficace. Plutôt que de revoir à la baisse les objectifs de l’école obligatoire, il faut se donner les moyens d’y parvenir : avec des petites classes (permettant de mettre l’accent sur l’oral), des moyens d’enseignement adaptés et un soutien aux échanges linguistiques.