Alors que la conjoncture économique s’améliore, que la Confédération continue à accumuler les bénéfices (plus de 25 milliards en 15 ans de pratique du frein à l’endettement)…
La pauvreté en Suisse s’est encore aggravée !
615’000 personnes, soit 7,5% de la population était touchée par la pauvreté en 2016 contre 6,7% en 2014. Et parmi ces personnes qui doivent vivre avec moins de 2’247.- par mois : 140 000 sont des «working poors», donc des personnes qui travaillent ! C’est ce que révèle le dernier rapport de l’Office fédéral de la statistique !
En réaction à cela, la semaine dernière, le Conseil fédéral n’a rien trouvé de mieux que de diminuer les moyens financiers pour lutter contre la pauvreté en Suisse !! C’est un scandale !
En 2016, comme les années précédentes, les personnes les plus touchées sont celles qui vivent seules ou dans un ménage monoparental avec des enfants mineurs.
Les plus nombreuses sont des personnes sans formation post-obligatoire et celles vivant dans un ménage sans aucune personne active occupée.
Et dans le même temps, les comparaisons internationales montrent que les Suisses sont les plus riches du monde, avec une fortune moyenne de 528’000.- par adulte !
53’000 personnes habitant notre pays ont une fortune de plus de 5 millions et ce nombre a augmenté de 13 % entre 2016 et 2017 !
Oui, camarades, les écarts ne cessent de se creuser et les inégalités augmentent dangereusement dans notre pays… et pendant ce temps, la majorité politique de droite,qui est en place au plan fédéral, ne cesse de prendre des décisions visant à
– protéger les plus riches et les entreprises contre le fait de payer trop d’impôts… de peur qu’ils partent dans des paradis fiscaux
– réduire les prestations sociales… parce que les collectivités publiques manquent de moyens pour cela !
– soupçonner les bénéficiaires d’assurances sociales d’abuser des deniers de l’Etat et traquer les éventuelles fraudes par tous les moyens… comme si toutes et tous étaient des tricheurs ! alors que les analyses montrent que les fraudes n’excèdent pas 2 à 3% des cas… Il faut bien sûr combattre les abus… mais avec des moyens qui respectent les droits des citoyens et la proportionalité Pour empêcher les excès de la nouvelle loi sur la surveillance des assurés, je vous invite à signer, si ce n’est pas déjà fait, le référendum contre la surveillance excessive des assurés !
Et lors de la session de mars, la majorité de droite du Conseil national a pris des décisions qui sont un véritable démantèlement scandaleux des prestations complémentaires ! Ces prestations qui doivent permettre aux personnes qui ont des retraites très modestes de vivre décemment…
Les milieux de droite qui, durant la campagne sur Prévoyance 2020 s’opposaient à ce projet en particulier parce qu’il aurait permis d’augmenter de 70.- par mois la rente AVS et de plus de 150.- celle des couples mariés… disaient que de toute manière la situation des personnes qui n’ont que l’AVS pour vivre allait s’améliorer avec la révision de la loi sur les prestations complémentaires… ces mêmes milieux sont ceux qui ont proposé et décidé des coupes drastiques dans ces prestations complémentaires… pour que la Confédération, qui ne cesse de faire des bénéfices année après année, puisse réaliser plus de 900 millions de francs d’économie sur le dos des membres les plus fragiles de notre société ! C’est tout simplement scandaleux. Et toutes les propositions déposées par la gauche pour tenter de limiter les dégâts ont été balayées !
Notre espoir est maintenant que le Conseil des Etats, qui doit rediscuter de ce dossier lors de la session de juin, corrige le tir… mais ce n’est pas gagné, et il y aura de toute manière des dégâts importants !
Ces derniers mois, à fin janvier, les représentants de l’UDC : la patronne milliardaire Magdalena Martullo-Blocher ; Thomas Aeschi, le chef du groupe parlementaire UDC qui a une calculette à la place du cœur… et Jean-François Rime, président des patrons de l’USAM, n’ont rien trouvé de mieux que de s’attaquer aux mesures d’accompagnement et aux conventions collectives de travail… en insistant sur le fait que dans ces domaines les syndicats ont trop de pouvoir !
Rappelons que les mesures d’accompagnement, qui ont été proposées en son temps par les syndicats et acceptées par le Parlement, sont là pour protéger le niveau des salaires en Suisse et pour empêcher que la libre circulation des travailleurs provoque une sous-enchère salariale généralisée dans notre pays et une concurrence déloyale entre les entreprises étrangères et les entreprises suisses.
Or pour l’UDC, ce sont (je cite) « des contraintes démesurées imposées par les syndicats aux patrons de notre pays » et il faudrait supprimer ces mesures pour assouplir le système !
Ces mêmes responsables UDC ont aussi attaqué les conventions collectives de travail (CCT) qui donnent trop de pouvoir aux syndicats. Alors que ces conventions collectives sont des outils indispensables pour qu’un bon partenariat social puisse fonctionner et que la paix du travail puisse continuer en Suisse, il faut bien constater qu’aujourd’hui, moins de la moitié des travailleurs sont au bénéfice d’une CCT… et que leur extension est combattue par les milieux ultra-libéraux tels que l’UDC !
Certains milieux patronaux raisonnables en Suisse romande surtout, et les syndicats bien entendu, acceptent actuellement de discuter pour que les conditions pour étendre le champ d’application d’une CCT à l’ensemble du domaine professionnel concerné (pour cela, il faut actuellement que 50% des employeurs du domaine aient accepté la CCT et qu’ils emploient ensemble plus de 50% des travailleurs de la branche).
Les représentants de la droite dure ne veulent pas entendre parler de l’extension des conventions collectives de travail, qui sont pour eux « une atteinte à la liberté contractuelle » !!
Cette attitude est grave car elle remet en question un des fondements essentiels du partenariat social helvétique, ce partenariat qui favorise la prospérité économique du pays et qui évite les dérives vers un système ultra-libéral et conflictuel qui ne ferait que des perdants !
Il est déplorable et très inquiétant que les représentants du plus grand parti de Suisse qui prétend défendre les valeurs traditionnelles de notre pays, attaque ainsi de front des piliers fondamentaux du partenariat social qui est une des forces fondamentales de la Suisse.
Les élections fédérales de l’automne 2019 se pointent à l’horizon, il faut espérer que le peuple suisse se réveille, et il faut tout faire pour qu’après ces élections, l’UDC et les autres forces qui composent le bloc de la droite dure (qui possède la majorité absolue au Conseil national et dans toutes ses commissions) soit brisé… pour que notre Parlement retrouve sa capacité de mener un dialogue constructif pour maintenir et développer un tissu social favorable au plus grand nombre et vienne mettre fin à l’augmentation inquiétante des inégalités en Suisse !
Préparons d’ores et déjà ces élections fédérales de l’année prochaine en dénonçant systématiquement les positions abusives de la droite dure qui veut imposer un amaigrissement de l’Etat et veut étrangler celui-ci en le privant de ressources ! Or c’est bien l’Etat et ses lois sociales qui peuvent limiter les inégalités et éviter que les membres les plus fragiles de notre société soient laissés au bord du chemin.
- Pour sauver notre système social conquis grâce aux luttes menées par les syndicats et les forces de gauche… en cette année de commémoration du centenaire de la grève générale de 1918, souvenons-nous avec reconnaissance de nos prédécesseurs.
- Pour continuer fidèlement le combat pour une société plus juste, pour réduire les inégalités qui ne cessent de se creuser, il faut une mobilisation massive des travailleurs et des couches populaires pour qu’ils élisent des candidats de gauche qui défendent vraiment leurs intérêts et pas ceux des riches… pour que ceux-ci deviennent de plus en plus riches !