Don d’organes : le choix de sauver des vies

Le 15 mai, notre bulletin de vote aura un poids particulier. Via la modification de la loi sur la transplantation, il décidera d’une question de vie, de souffrance ou de mort. L’an passé, plus de septante personnes sont mortes alors qu’elles auraient pu vivre si notre pays avait eu assez de dons d’organes. Ce sont des enfants, de jeunes pères ou mères de famille ou des personnes plus âgées avec une longue espérance de vie.

Comme ancien président de Swisstransplant, j’ai eu la chance de rencontrer, tous les hivers, quelques dizaines d’enfants transplantés, lors d’un camp à la neige. En les voyant rire et s’amuser comme tous les autres enfants, je me disais que la plupart d’entre eux ne seraient pas là si une personne décédée ou ses proches n’avaient pas fait le choix du don d’organes. Alors le débat sur la question de la forme légale du consentement au don change de nature. C’est à cette question que nous aurons à répondre le 15 mai.

Les opposants au principe du consentement présumé veulent par-dessus tout nous protéger d’un risque, qu’ils jugent supérieur au principe de solidarité. Ce risque est fondé sur l’hypothèse que nous aurions été défavorables à donner nos organes après notre mort, sans avoir pour autant pensé à exprimer notre position envers quiconque. Dans ce cas, ils craignent qu’on nous prélève quand même nos organes après notre décès, au lieu de les enterrer ou de les brûler.

Ce risque naturellement existe. On peut s’en prémunir simplement, en faisant part de son refus à ses proches ou dans le registre national. La nouvelle loi garantit ce droit. Elle donne aussi aux proches le pouvoir de s’opposer au don. La différence, c’est qu’elle ne les oblige plus à décider à notre place. En cas d’absence de décision de la personne décédée et si les proches ne voient pas de raison de s’opposer, le principe démocratique posé dans la loi serait que le don a lieu. Ce simple changement soulage les familles d’une décision qui peut être difficile à prendre quand un décès survient. Il devrait réduire le taux de refus des proches, qui répondent aujourd’hui souvent non à une question à laquelle ils n’étaient pas préparés.

Pesée des risques

Car il existe un autre risque. Ce risque, on le mesure en voyant jouer des enfants transplantés. C’est celui que, par ignorance de notre choix qui aurait été favorable, nos proches n’osent pas dire oui au don et qu’à cause de cela d’autres vies s’interrompent, parfois très jeunes. Il faut peser les deux risques, pas seulement le premier. Alors on comprend que le second est bien plus grave. Il est aussi plus fréquent, car, quand on nous interroge, trois quarts d’entre nous exprimons une position favorable au don.

Le 15 mai, il faut simplement voter pour sauver des vies et dire un grand oui au don d’organes.

 

Interlocuteur-trices sur ce thème

Pierre-Yves Maillard

Pierre-Yves Maillard

Conseiller aux États

Pierre-Yves Maillard

Pierre-Yves Maillard

Conseiller aux États

Clément Borgeaud

Clément Borgeaud

Porte-parole & campagnes Suisse latine

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