Ce n’est pas la première fois qu’une augmentation des taxes d’études aux EPF est annoncée par le président de l’EPFL et par celui du Conseil des EPF. La manière de faire peut choquer : une annonce de doublement des taxes de 1’200 à 2’400 francs, dès 2017, sans discussion possible, affirmée dans la presse (alémanique !) et qui surprend tant le monde politique que les étudiants concernés.
Le moment n’est évidemment pas choisi au hasard. Les professionnels de la recherche et de la formation sont inquiets. Et à juste titre ! La Suisse n’est plus pleinement associée aux programmes européens d’échange et de recherche (Erasmus+, Horizon 2020) et pourrait en être totalement exclue dès 2017. Le vote du 9 février 2014 fait perdre sa crédibilité au monde scientifique suisse et coûte cher à notre pays. De plus, des mesures d’austérité (délicieusement appelées « Programme de stabilisation ») sont prévues par le Conseil fédéral et touchent particulièrement le domaine Recherche et Formation : 21% du total des coupes y sont effectuées, alors que le domaine représente 11% des dépenses fédérales. Le futur Message pour l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation (message FRI 2017-2020) prévoit lui aussi des moyens nettement insuffisants. Le Conseil fédéral ne semble pas comprendre que la formation constitue la principale richesse de la Suisse. Economiser dans l’éducation et la recherche, c’est scier la branche sur laquelle nous sommes assis.
L’annonce violente des EPF doit servir d’électrochoc au monde politique : les moyens manquent, la Confédération ne remplit pas son rôle et cela ne peut conduire qu’à une détérioration de la qualité de l’enseignement et de la recherche, ainsi que des conditions d’études.
Le Parti socialiste s’engagera ces prochains mois – comme toujours – pour construire des majorités au Parlement afin d’éviter des coupes dans l’éducation et obtenir des moyens suffisants pour ce domaine prioritaire. Le monde de la formation sait bien que le PS est son plus solide allié au niveau politique.
Mais, pour nous, l’égalité des chances est une condition non négociable. Un doublement des taxes remettrait en question ce principe de base et aurait un effet boule de neige sur les universités de notre pays. Nous refuserons de financer de prestigieuses hautes écoles qui ne seraient réservées qu’à des classes sociales supérieures. Car, si les taxes d’études ne représentent qu’un pourcent du budget total des EPF, elles ne sont pas négligeables dans les finances d’un étudiant. Notre système de bourses d’études reste totalement insuffisant et n’est toujours pas harmonisé, ce qui rend la problématique encore plus sensible. Ainsi, alors que ¾ des étudiants travaillent déjà pour financer leur formation, un doublement des taxes conduirait à une détérioration des conditions d’accès aux EPF et augmenterait leur endettement sur le long terme. A ce titre, « l’exemple » des Etats-Unis fait froid dans le dos.
Ce n’est pas la première fois que le Conseil des EPF tente de doubler les taxes d’études : en 2012, une annonce similaire avait été faite. Mais grâce à la mobilisation des étudiants et à notre important travail de pression au Parlement, cette solution avait été abandonnée en 2013.
Si, une nouvelle fois, le Conseil des EPF s’obstine dans cette voie pour des motifs idéologiques, il nous retrouvera à nouveau sur son chemin, aux côtés de la jeunesse. Et si des mesures d’économies doivent vraiment être prises et qu’aucune place pour le dialogue ne peut être trouvée, nous ferons toujours le choix de diminuer nos contributions à l’Agence spatiale européenne avant de toucher à la démocratisation des études. Question de priorités…