Discours du 1er mai de Martine Fagherazzi-Barras, vice-présidente du PS Fribourg
C’est avec beaucoup de plaisir que je prends la parole en ce 1er mai, jour des travailleurs et des travailleuses et ce d’autant plus que les deux thématiques retenues cette année pour ce rassemblement à Fribourg me concernent en tant que femme tout d’abord mais aussi en tant que membre du Parti socialiste. C’est cependant sur la thématique de l’égalité que je vais plus spécifiquement m’exprimer aujourd’hui.
En 2017, les femmes socialistes suisses fêtaient leurs 100 ans d’existence. A cette occasion, elles ont publié un « Manifeste pour un socialisme pleinement féministe ». Celui-ci a largement été plébiscité par nos délégué-e-s suisses et c’est donc tout naturellement que notre parti s’est engagé, lors du congrès d’Olten en décembre dernier, à soutenir avec force et conviction la grève des femmes du 14 juin puisque les revendications portées par les femmes ce jour-là se recoupent entièrement dans celles qui préoccupent la politique de notre parti.
Si les femmes remettent la compresse 28 ans après la première grève nationale qui a ébranlé notre société en 1991, c’est que, malgré d’évidentes avancées sociales depuis lors, force est de constater que de nombreux domaines en matière d’égalité restent à conquérir, à concrétiser ou à institutionnaliser. Car si les revendications des femmes semblent acquises pour beaucoup dans le discours, l’actualité récente des délibérations et des votes du parlement fédéral sur les questions égalitaires nous prouve qu’il est à nouveau nécessaire de se mobiliser et de faire pression sur une frange de la droite du Parlement qui ne semble toujours pas prendre en considération l’urgence des enjeux égalitaires. Ceci est inacceptable et le 14 juin sera une nouvelle occasion de dire haut et fort partout en Suisse, que ce déni a assez duré et qu’il n’est plus ni en phase avec les besoins du bon fonctionnement de notre société actuelle ni avec le respect et la reconnaissance auquel les femmes de ce pays ont droit!
Il est donc fort réjouissant de voir l’ampleur que prend le mouvement de cette grève féministe un peu partout en Suisse au travers des divers collectifs qui se sont constitués et de voir que de plus en plus de femmes et d’associations de tendances et d’horizons divers s’y rallient activement. Cette grève se doit cependant d’être inclusive, car les revendications portées par les femmes au travers de leur Manifeste, œuvrent au final pour un confort et un bien-être social qui bénéficiera à l’ensemble des acteurs de notre société : aux femmes, aux hommes, aux familles, aux jeunes et aux moins jeunes.
Alors engageons-nous, chacun à l’échelle de notre possible car nous avons toutes et tous un rôle à jouer, une pierre à amener à cet édifice égalitaire !
Engageons-nous tout d’abord à faire respecter les femmes dans leur intégrité physique et morale ! En 2017 l’affaire Weinstein et la vague d’indignation qui a suivi au travers du #MeToo sonnait comme un cinglant rappel qu’à travers le monde entier, comme en Suisse, de nombreuses femmes subissent encore et toujours des discriminations, des violences et des diktats sexistes. Il est donc capital que nous fassions respecter l’application des préceptes de la Convention d’Istanbul, ratifiée par notre Parlement suisse en 2017 et dont le but est de coordonner une prévention et une lutte efficace contre les violences et les discriminations subies par les femmes. Institutionnaliser l’égalité, la protection et les droits des femmes c’est poser des bases solides pour reconnaître leur valeur et leur garantir une stature sociétale et un respect à part égale.
Engageons-nous au niveau de l’éducation et de la formation à transmettre des messages et des actes concrets vers plus d’égalité et lutter ainsi contre les stéréotypes de genres qui cloisonnent encore trop souvent l’horizon professionnel des filles. Encourageons l’accès pour elles aux filières scientifiques, aux postes à responsabilités dans le monde économique mais aussi politique, des univers qui se conjuguent encore trop majoritairement au masculin.
Engageons-nous à faire appliquer dans le monde du travail de réelles mesures contraignantes pour atteindre l’égalité salariale. Il est inacceptable qu’à travail égal des femmes soient encore aujourd’hui payées jusqu’à 20% de moins que leurs homologues masculins uniquement en raison de leur genre. Pour enrayer ces disparités, il est nécessaire que nous revalorisions les salaires des secteurs occupés principalement par des femmes. On sait statistiquement qu’on les retrouve en grand nombre parmi les salariés précarisés et ceci principalement parce qu’elles sont en surreprésentation dans des secteurs d’activités à bas salaires que sont les soins, l’éducation, la restauration, la vente et le travail manufacturier. Trop souvent les femmes sont contraintes d’exercer du travail sur appel ou à occuper des postes à temps partiel pour concilier leur vie professionnelle et familiale ce qui les précarisent grandement durant leur vie active mais aussi une fois arrivées à l’âge de la retraite. Donnons donc aux femmes la juste reconnaissance économique qu’elles méritent !
Enfin, engageons-nous à offrir aux femmes la possibilité de s’affranchir d’une part plus conséquente du travail dit de care qui trop souvent leur incombe au sein de leur foyer. Pour cela, nous devons favoriser une politique et un environnement économique qui incitent les hommes à prendre leur place et leurs responsabilités en s’investissant davantage encore dans ce travail domestique. Instituons donc une véritable politique familiale qui permette de mieux moduler le partage des tâches au sein des familles suisses. Cela doit se traduire par une meilleure offre de job sharing, davantage de places de crèche et de structures d’accueil à des conditions plus favorables, l’introduction d’un véritable congé parental modulable en fonction des besoins de chacun. Mais sachons aussi valoriser ce travail de care, de manière à ce qu’il ne constitue plus, ni pour un homme ni pour une femme un frein à un épanouissement dans une carrière professionnel.
Ce sont donc tous ces leviers que nous devons actionner si nous voulons véritablement venir à bout de l’héritage tacite d’une société encore trop encrée dans un schéma patriarcal.
Le marathon du combat féministe a assez duré! Alors, engagez-vous et mobilisez-vous le 14 juin et au-delà ! Engagez-vous et mobilisez-vous l’automne prochain lors des élections fédérales, en votant et en élisant des personnes qui s’engagent à concrétiser enfin une véritable politique sociale égalitaire dans notre pays.