Familles, le PDC vous aime, mais pas toutes !

C’est une bien curieuse initiative qui nous est soumise le 8 mars. Parce que les allocations familiales sont financées par les employeurs, nous disent les initiants, celles-ci devraient échapper à l’impôt qui lui retourne à l’État… Et que pour aider les familles dans leur pouvoir d’achat, cette part des employeurs ne devrait pas retourner à l’État puisqu’il n’y aurait pas d’affectation de cet impôt à la politique familiale.

Je partage bien entendu le souci des initiants quant à l’aide à apporter aux familles, toutefois, la logique qui sous-tend ce raisonnement est gravissime. D’abord, il met en cause le rôle de l’État comme service public, puisque les initiants attestent qu’il n’a pas droit à cet argent pour ses prestations. C’est 760 millions de moins pour les cantons et 240 millions de moins pour la Confédération. À l’heure où plus de la moitié des cantons font des programmes d’économie avec des mesures drastiques (en Valais ce sont 21’000 personnes qui ont perdu leur subside à l’assurance maladie, à Lucerne il y a une semaine de moins de cours à l’école, etc…), les directeurs cantonaux des finances ne s’y sont pas trompés, même ceux du PDC, pour refuser cette initiative. Ensuite, avec ce raisonnement (ce sont les employeurs qui financent), on va commencer à retrancher alors toutes les parties financées par les employeurs comme faisant partie du revenu (salaire perçu par les femmes lors du congé maternité puisque financé par les APG, les cotisations à l’AVS payées par les employeurs, voire les salaires entiers perçus par les employés du privé ?). Cette initiative remet en cause le principe même de solidarité sur lequel repose la redistribution.

Entendons-nous bien. Je ne pense pas que l’argent que l’on investit dans les familles soit de l’argent jeté par les fenêtres. Bien sûr que non. Mais cet argent doit être bien investi. Or, le moins que l’on puisse dire c’est que ce 1 milliard que coûterait l’initiative du PDC en manque à gagner aux collectivités publiques, ne va pas aider les familles qui en ont le plus besoin. Ainsi, les familles qui ne paient pas d’impôts parce que leur revenu est insuffisant, ne seront pas aidées car elles n’auront pas droit à ces déductions. Les familles les plus aisées, elles se verront offrir l’équivalent d’une semaine de sport d’hiver.

Les initiants nous disent que la classe moyenne serait la principale concernée par cette initiative, avec en moyenne 1’000.- par année. D’abord, me semble-t-il, il est difficile de faire une moyenne lorsque l’on parle d’impôt en Suisse puisque les situations communales et cantonales sont bien différentes d’une région à l’autre. Ensuite, à quoi sert d’économiser 1000.- d’impôt par an si par des programmes d’économies accentués ou mis en route par le manque à gagner que cette proposition amènerait dans les collectivités publiques, vous en perdez 400.- par mois ?

Il est piquant de constater que c’est ce même PDC qui, en commission de la santé du national, a refusé de rendre gratuites les primes d’assurance pour les enfants sous prétexte que cela allait coûter…1 milliard. Soulager TOUTES les familles par la gratuité des soins pour les enfants c’était trop, mais pas en déduction… Ceci me permet de conclure en disant que d’autres pistes existent pour aider les familles : augmenter les allocations familiales, promouvoir le chèque enfant (système qui permet après taxation de soustraire un montant de sa facture d’impôt ou alors de recevoir ce même montant si vous ne payez pas d’impôt), gratuité des primes d’assurance maladie pour les enfants, etc… Toutes des propositions qui ont été soit proposées, soit soutenues par le PS.

Toutes les solutions ne se valent pas. Certaines aident les familles, TOUTES les familles, d’autres font semblant de le faire et sont régies par l’injustice et l’inégalité de traitement.

Interlocuteur-trices sur ce thème

Clément Borgeaud

Clément Borgeaud

Porte-parole & campagnes Suisse latine

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