Dans le journal de campagne de l’USAM contre l’initiative sur l’abolition des forfaits fiscaux, distribué dans toutes les boîtes aux lettres de Suisse, les auteurs – qui se gardent bien de signer leurs articles et illustrations – s’attaquent avec une rare violence à ma personne pour des propos que j’aurais tenus au Conseil national lors du débat parlementaire sur l’initiative populaire pour l’abolition des forfaits fiscaux.
Tout d’abord, l’USAM croit opportun de m’associer à un Pac-Man méchant et agressif, agitant une faucille et un marteau, référence éculée au communisme soviétique. Il faut être vraiment à court d’idées pour prétendre que ceux qui veulent supprimer les privilèges des riches millionnaires sont des communistes, cela d’autant plus lorsque la personne vilement et faussement accusée n’a jamais milité dans aucune organisation se prévalant de cette idéologie! Rappelons en passant à ce club d’amis des forfaitaires qu’est l’USAM, que la lutte contre les privilèges – notamment fiscaux – était au centre de la révolution bourgeoise des radicaux en Suisse. Les pères fondateurs du radicalisme suisse, comme James Fazy, doivent se retourner dans leur tombe à entendre leurs héritiers politiques défendre les privilèges fiscaux des nouveaux aristocrates de l’argent et de l’économie mondialisée. Comme le relève à juste titre la Tribune de Genève du 15 novembre, la grossièreté de l’attaque contre ma personne révèle la panique de ceux qui, en s’accrochant à un privilège d’un autre siècle pour les riches étrangers, contredisent totalement, pour les radicaux, leurs valeurs républicaines, et pour l’UDC, leur prétendu engagement pour les Suisses contre les étrangers, pour les braves gens contre les profiteurs, discours dont ils nous abreuvent à longueur d’année.
Mais venons-en au fond.
L’on me fait dire que je souhaite supprimer les déductions fiscales que peuvent faire valoir tous les contribuables. Mais je n’ai jamais rien affirmé de tel! J’ai affirmé qu’après l’adoption de l’initiative, il faudrait s’en prendre aux autres privilèges fiscaux. Nulle part mention des déductions. Quel était l’objet visé par mes déclarations? Les privilèges fiscaux accordés à une autre catégorie de riches étrangers, celle des « expats », ces travailleurs étrangers grassement payés par les multinationales qui ont placé leur siège chez nous pour des raisons d’optimisation fiscale. Oui, ces « expats » bénéficient, en vertu de l’Ordonnance concernant les expatriés, de privilèges fiscaux qu’aucun Suisse ou résident ordinaire ne peut obtenir. De quoi s’agit-il? De la déduction des frais de déménagement lorsqu’ils s’installent en Suisse, de celle des frais d’écolage pour leurs enfants inscrits dans des écoles privées, de celle des prétendus frais d’un domicile resté à charge dans leur pays d’origine, etc, etc. Cela fait des milliers de francs déduits de la feuille d’impôts que les Suisses et les Suissesses, eux, ne peuvent évidemment pas déduire lorsqu’ils doivent déménager dans un autre canton pour prendre un emploi et échapper au chômage. Au surplus, quel Romand peut déduire les frais de l’école privée en français de ses enfants s’il emménage à Zurich? Aucun évidemment! Et quel Bâlois pourrait déduire cela en venant à Genève? Quel délégué genevois du CICR peut déduire fiscalement son loyer pour les 3 ou 5 mois de mission à l’étranger? Et si un menuisier doit quitter Onex pour Renens, quels frais peut-il déduire en lien avec son déménagement? Certainement pas ceux du régime spécial des expats!
En fait, l’USAM mène une croisade pour les privilèges des riches étrangers, qu’ils soient à la tête d’une fortune millionnaire ou au bénéfice du salaire mirobolant d’une multinationale, et cela en total mépris de tous celles et ceux et d’entre nous qui paient la totalité de leurs impôts!
Les classes moyennes et populaires ont raison de dire: ça suffit!
Oui aux initiatives nationale et genevoise pour la suppression des forfaits fiscaux!