Le peuple et les cantons ont infligé une défaite retentissante tant aux top-managers cupides qu’à Economiesuisse . Pour le PS – qui a soutenu l’initiative dès le début – ce résultat inespéré est tout simplement fantastique : il prouve que nos efforts ont payé et place la question de la justice salariale et de la répartition des richesses durablement au cœur du débat public. Voici un petit bilan d’une campagne qui va poser les jalons de nos futures victoires.
Qu’on se le dise : je n’ai rencontré aucun citoyen qui m’a dit voter « oui » pour « renforcer les droits des actionnaires ». Celles et ceux qui ont voté « oui » l’ont fait d’une part, pour dire aux top-managers cupides : « ça suffit » et, d’autre part, pour interdire définitivement les pires formes de rémunérations abusives comme les parachutes dorés. Les Suisses se sont à juste titre indignés contre les agissements d’une petite clique aussi méprisante que déconnectée des réalités. Ils se sont aussi indignés de l’écart salarial colossal dans certaines entreprises. Et ils s’en sont d’autant plus indignés qu’il existe malheureusement encore trop de bas salaires et que, dans certaines branches, même un CFC ne garantit pas toujours un salaire décent. Le oui du 3 mars n’est donc pas seulement un ras-le-bol, c’est aussi un mandat : Parlement et Conseil fédéral doivent s’attaquer à tous les salaires indécents, indécemment bas comme indécemment élevés. Ce mandat est encore renforcé par la magnifique victoire de nos camarades jurassiens sur le salaire minimum.
La panique, ça ne marche pas
Deuxième constat réjouissant : les tentatives d’Economiesuisse de semer la panique à coup de millions ne marchent pas. Quand les milieux économiques promettent crise économique, délocalisations, chômage, voire carrément guerre civile, plus personne n’y croit. Et lorsqu’ils ont joué leur va-tout en sortant de leur manche l’argument éculé des « PME », ils n’ont pas eu plus de succès. Difficile en effet de faire croire au peuple que des règles destinées aux entreprises cotées en bourses et visant les agissements de quelques top-managers de grandes multinationales touchent les PME. C’est de bon augure pour nos prochaines campagnes, notamment pour l’initiative « 1 à 12 » ou en faveur du salaire minimum. Car des salaires décents, des règles anti-dumping et des limites aux excès salariaux sont aussi dans l’intérêt des petites entreprises.
Le PS vainqueur
Au soir du vote, bien des médias ont tenté de priver les socialistes d’une victoire qui est aussi la leur. En effet, le PS a soutenu avec énergie l’initiative dès son lancement. Il est le seul grand parti à l’avoir fait. Avant la campagne, sa recommandation de vote a été quasi-unanime et toutes ses sections cantonales s’y sont ralliées. Pendant la campagne, les socialistes n’ont pas ménagé leurs efforts et cela a manifestement payé : dans nos fiefs, l’initiative fait un excellent score. Il est donc parfaitement abusif et peu respectueux de la volonté populaire d’accuser le PS de vouloir « récupérer » la victoire, car cette victoire est aussi la nôtre. Bravo à toutes et à tous !