La majorité de droite au Conseil national a balayé il y a quelques jours une proposition des salarié-e-s de la création culturelle indépendante. Les travailleurs et travailleuses du domaine de la culture ont été parmi les plus touchés par les mesures sanitaires. Avec un mépris à peine dissimulé, les élu-e-s de droite ont jugé que ces salarié-e-s étaient des « privilégié-e-s » et qu’ils « bénéficiaient déjà d’un traitement préférentiel » avec le statut d’intermittent, et qu’octroyer quoi que ce soit de plus créerait une « incroyable inégalité de traitement » vis-à-vis d’autres secteurs.
Les salarié-e-s de la culture apprécieront cette description de leur situation, eux qui, jusqu’à ce printemps, ont dû se contenter de la couverture de leurs seuls frais de subsistance. L’UDC tenait un tout autre langage lorsqu’il s’agissait de couvrir les bailleurs et bailleuses qui, alors que beaucoup de locataires buvaient la tasse, continuaient à accroître leurs profits. Avec indécence, les amis propriétaires de l’UDC se gargarisent d’avoir fait cadeau de 24 millions de francs aux locataires pendant la crise, passant sous silence que durant la même période, ils ont perçu 2 milliards de francs de loyers par mois pour les seuls locaux commerciaux.
Les acteurs culturels de la création indépendante revendiquent une adaptation des règles de l’assurance-chômage, pour prendre en compte l’impact de la crise du Covid sur leurs droits sociaux. Les salarié-e-s du secteur culturel ont perdu deux ans de possibilité de travailler. Il faut que le chômage en tienne compte, en prolongeant de 2 ans les délais durant lesquels les jours de cotisations sont décomptés pour ouvrir des droits au chômage et de 2 ans également la période durant laquelle ils peuvent recevoir des indemnités. Il ne s’agissait même pas d’augmenter le nombre d’indemnités journalières ! Cette mesure aurait complété les avancées obtenues en mars par le Groupe socialiste au Parlement fédéral.
Le Conseil fédéral lève progressivement les mesures, mais leurs conséquences se feront encore sentir pour la programmation culturelle, qui ne peut reprendre du jour au lendemain. Et ce n’est pas comme si travailler dans le secteur culturel était auparavant facile. Déjà avant le Covid, très rares étaient les contrats de travail à durée indéterminée. Les acteurs culturels sont en général engagés durant un spectacle, pour la seule durée de celui-ci.
Les socialistes ont porté cette revendication élémentaire des travailleurs et travailleuses de la culture, avec une initiative parlementaire (20.502). Le rejet de la proposition n’est qu’une étape. Avec la fin prochaine des mesures de soutien aux travailleurs et travailleuses, se mobiliser en faveur d’une sécurité sociale adaptée à l’ampleur de la crise économique, qui a déjà débuté, est fondamental. Il s’agit également de mobiliser les magistrats en charge de la culture qui ont publiquement soutenu cette initiative (Zurich, Saint-Gall, Bâle, Lucerne, Genève, Lausanne, Bienne) ainsi que la Conférence des villes en matière culturel, pour élaborer des solutions partout où le contexte politique le permet.