Le 17 février, les ministres PLR Didier Burkhalter et Johann Schneider-Ammann se félicitaient de l’engagement suisse dans la coopération au développement. Il y a quatre jours à peine, le ministre Burkhalter se disait bouleversé dans la presse face à la misère et à la crise syrienne. Cela n’a pas empêché une majorité de droite de proposer des coupes à hauteur de 20% dans le budget de l’aide au développement. Au lieu du 0,5% du PNB, la Suisse n’en consacrera plus que 0,4% pour la collaboration au développement. Cela ne représente pas moins de 500 millions de francs par an, malgré une proposition plus pondérée du Conseil fédéral.
Ainsi, en plein cœur de la plus grave crise migratoire que le monde ait connu durant les dernières décennies, la Suisse, en se désolidarisant, ferait montre d’un insoutenable égoïsme. Selon la conseillère nationale (TI) Marina Carobbio, « en comparaison internationale, nous tomberions loin derrière les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne. L’objectif de 0,7 % recommandé par l’ONU serait plus éloigné que jamais. »
Les coupes devraient se faire notamment dans la promotion de la paix ou la coopération au développement classique. Pour Marina Carobbio, « quiconque fait des économies sur le dos des plus pauvres de ce monde et des victimes de la guerre, joue un jeu cynique et ne peut pas s’étonner du nombre croissant de personnes réfugiées. »
La crédibilité de Suisse en matière de politique extérieure risque d’en prendre un coup. Si la Suisse réduit drastiquement sa contribution aux organisations et programmes internationaux, elle porte atteinte à sa réputation de partenaire fiable et de médiatrice. De telles mesures d’austérité sont la preuve d’une vision à court terme. Elles remettraient en question le rôle de la Suisse comme pilier de la politique internationale, elle qui accueille notamment le siège européen de l’ONU à Genève.