Source: Article de Elisabeth Clément-Arnold, publié par Agri, hebdomadaire professionnel agricole de la Suisse romande le 4 mai 2019
L’Union suisse des femmes paysannes et rurales (USPF) réclame depuis des années la reconnaissance et la rétribution du travail fourni par les paysannes : c’est par ce biais que pourrait être garantie leur couverture sociale. Or, la Chambre d’agriculture de l’Union suisse des paysans ne veut pas entrer en matière sur le projet du Conseil fédéral de réduire le montant des payements directs aux ménages dans lesquels la preuve de la couverture sociale du ou de la partenaire travaillant régulièrement dans l’exploitation agricole, n’est pas apportée (PA 22+).
Même les femmes socialistes s’en sont émues et ont adressé une lettre ouverte à l’USP. La réponse ne s’est pas fait attendre : l’obligation d’une couverture sociale pour le ou la partenaire (généralement la femme paysanne) pour toucher des payements directs est une ingérence intolérable dans la vie privée de la famille paysanne, induit des tracas administratifs insupportables et même des cas de rigueur (lesquels?). D’ailleurs, „famille paysanne et exploitation forment un tout“ proclame la Landi dans sa dernière revue UFA (4/2019). Un tout très privé, où le travail non rémunéré dans l’exploitation agricole est une affaire de couple.
La bonne solution proposée par l’USP? Grâce à l’entregent des vulgarisateurs agricoles, les exploitants sont incités à contracter des assurances et pourront choisir une formule individualisée parmi les offres alléchantes de l’USP. Or, il s’avère que les épouses se voient parfois refuser par les conseillers les solutions favorables qu’elles et leurs maris souhaitent. Ainsi, les femmes paysannes échapperont une fois encore à une couverture sociale, à un congé de maternité payé (qui pourrait financer une aide à la maison après l’accouchement), et à toutes les autres „horreurs“ d’un état social.
Si elle veut bénéficier d’une couverture sociale, il ne reste à la femme paysanne plus qu’à conclure une assurance privée; elle sera bien avisée de comparer l’offre de l’USP à celles d’autres compagnies. Toutefois, si elle n’a pas de revenu, la femme aura de la difficulté à conclure une assurance privée aussi. Elle aura en revanche le risque de tomber dans la précarité et à charge de la caisse publique en cas d’invalidité, de divorce ou au moment de la retraite.