Alors que le droit international est violé par la Russie qui annexe en deux cuillères à pot la Crimée, alors qu’il ne fait plus de doute que la Russie appuie des rebelles ukrainiens qui mènent une guerre de sécession, alors qu’un Lockerbie ukrainien avec des centaines de morts innocents se déroule quasiment en direct sous nos yeux, alors que la puissance de feu de la 4è me armée du monde s’abat sur Gaza avec près de 1000 morts et des centaines d’enfants palestiniens tués, alors que l’Irak et la Lybie sont à feu et à sang et voient leurs populations civiles, notamment chrétienne, souffrir le martyr comme jamais elle ne l’avait souffert sous les régimes autoritaires, qu’ici les USA et là la France et l’Union européenne ont voulu chasser sans proposer d’alternative si ce n’est de tenter s’approprier le pétrole, la Suisse se tait.
La Suisse se drape dans le silence de la neutralité. La Suisse se cache derrière une présidence de l’OSCE qui malheureusement s’essouffle à courir derrière les évènements sans pouvoir d’anticipation sur la situation. Alors que les Conventions de Genève et ses protocoles additionnels sont bafoués par le Hamas, par Israël depuis des décennies, par d’autres en Syrie, en Irak, en Lybie, la Suisse, dépositaires de ces textes, est inaudible. Pire, alors qu’elle est sollicitée, la Suisse refuse de convoquer la conférence des parties à ces conventions au sujet de l’agression israélienne sur Gaza au motif que notamment Israël s’y oppose.
Où est donc passée la diplomatie suisse ? Celle qui – du temps de la socialiste Micheline Calmy Rey – rappelait haut et fort sur la scène internationale, à toutes les parties d’un conflit, comme celles impliquées dans la dernière guerre du Liban, l’impérieuse nécessité de respecter le droit international et singulièrement le droit international humanitaire. Où est passé le courage politique radical, tel celui de Max Petitpierre, qui faisait de la Suisse le premier pays à reconnaître la Chine populaire, alors qu’aujourd’hui la Suisse n’a toujours pas reconnu la Palestine bien qu’elle défende une solution de paix fondée sur deux Etats.
Dans son Rapport sur les axes stratégiques de la politique étrangère pour la législature 2012-2015, le Conseil fédéral affirme « Notre engagement de longue date en faveur du respect, de la promotion et du renforcement du droit international humanitaire s’inscrit dans la ligne de la tradition humanitaire de notre pays, dépositaire des Conventions de Genève et siège du CICR, et s’accorde bien avec notre neutralité ». La triste réalité montre qu’au delà de tièdes communiqué tardifs, ce rapport n’est qu’un alignement de belles paroles.
Comment le Conseil fédéral peut prétendre vouloir réellement le respect du droit humanitaire, alors que déjà comme Etat – sans besoin de se référer à son statut de d’Etat dépositaire – la Suisse ne fait rien pour obliger un autre Etat comme Israël qui les viole depuis 47 ans à le respecter. Cela, alors même que, comme l’a rappelé la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye dans son avis sur la construction du Mur israélien sur le territoire palestinien, chaque Etat a la responsabilité de prendre des mesures pour que ceux qui le violent finalement le respecte. Mais pire, la Suisse – au-delà de toutes ses obligations morales, ses obligations de cohérence et même ses obligations juridiques rappelées par la CIJ – s’apprête à acheter des drones militaires – actuellement pudiquement non armés – totalement disproportionnés, produits par l’industrie militaire israélienne et testés dans ses agressions contraire aux Convention de Genève sur Gaza, cela uniquement pour maintenir de bonnes relations de collaboration militaire et de renseignement avec Israël.
Notre base militante sociliste nous rappelle régulièrement la nessécité de cette cohérence autour du droit international humanitaire Ainsi, le dernier Congrès du PSS a adopté une résolution demandant clairement l’engagement au Parlement de notre parti contre l’achat des drones israéliens.
En matière de mise en œuvre et de respect du droit humanitaire, il est temps que le Conseil fédéral se réveille, que le DFAE se ressaisisse, que le Parlement prenne ses responsabilités. La Suisse doit jouer un rôle actif en matière de respect de droit international humanitaire, par exemple dans le conflit actuel à Gaza en proposant avec d’autres Etats des solutions, notamment de désenclavement de Gaza et de la Cisjordanie, avec des contrôles internationaux aux frontières permettant d’assurer la sécurité des uns et des autres dans les frontières de 1967 et promouvoir la confiance indispensable à la liberté de circulation des personnes, des marchandises et des capitaux, seuls garants d’une paix durable.