En comparaison européenne, la Suisse punit les infractions aux sanctions avec une clémence effrayante. C’est ce que montre un nouveau rapport du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR). Si l’on ajoute à cela la décision prise en octobre par le Conseil fédéral de ne plus reprendre intégralement les sanctions de l’UE contre la Russie, on obtient un tableau alarmant : la Suisse protège de manière ciblée les acteurs qui profitent de la guerre et laisse tranquillement en paix les contrevenants aux sanctions.
Certes, en Suisse, les amendes devraient passer de 5000 à 50 000 francs, mais cette augmentation est ridiculement douce par rapport à l’Union européenne, où les sanctions peuvent aller jusqu’à 40 millions d’euros. « La Suisse invite ainsi carrément à contourner les sanctions », déclare la conseillère nationale socialiste Laurence Fehlmann Rielle (GE). « Ce laxisme nuit gravement à la crédibilité internationale de la Suisse ». En octobre déjà, le Conseil fédéral avait décidé de ne plus reprendre les sanctions centrales contre la Russie afin de protéger les négociants en matières premières ayant leur siège en Suisse. Il est désormais clair que cette attitude n’est pas un cas isolé, mais fait partie d’un système qui favorise les profiteurs de guerre.
Le PS Suisse critique vivement cette politique. « En n’appliquant sciemment les sanctions qu’à moitié, la Suisse laisse faire ceux qui profitent de la souffrance des gens en Ukraine », ajoute Laurence Fehlmann Rielle. « Le Conseil fédéral accepte ainsi que la Suisse serve de plaque tournante pour toute une économie du détournement de sanctions ». Le PS demande au Conseil fédéral de renforcer de manière systématique l’application des sanctions et d’assumer ainsi enfin sa responsabilité internationale. La paix ne doit pas être sacrifiée au bénéfice des profiteurs de guerre.