Finalement, pas de nouveaux privilèges fiscaux injustifiés pour les compagnies maritimes et le négoce des matières premières grâce à la taxe au tonnage : la majorité bourgeoise du Conseil des États a manifestement fait volte-face, par peur d’un référendum, et coule son propre projet. Celui-ci aurait eu pour conséquence que les milliards de bénéfices engendrés par les grands groupes actifs dans un secteur controversé n’auraient pratiquement plus eu à être imposés — et ce, au détriment de la population. Par ailleurs, le projet ne contenait aucune mesure crédible de protection sociale ou environnementale.
« Ce qui est scandaleux, c’est que malgré la situation financière tendue de la Confédération et le pouvoir d’achat sous pression de la population, le camp bourgeois n’hésite pas à réclamer encore et toujours des privilèges fiscaux pour certains groupes au lieu de soulager les gens », déclare le conseiller aux États socialiste Carlo Sommaruga (GE). « C’est une satisfaction de voir qu’une partie de la droite a maintenant compris que la taxe au tonnage n’aurait aucune chance dans les urnes. Car la population a clairement montré, lors de plusieurs référendums fiscaux lancés par le PS Suisse, qu’elle ne voulait pas de subventions fiscales pour les grands groupes et les entreprises à ses dépens. »
La taxe au tonnage créerait de nouveaux privilèges injustifiés pour les grands groupes : les entreprises de navigation ayant leur siège en Suisse ne seraient plus imposées en fonction de leurs bénéfices, mais, au choix, en fonction de leurs capacités de transport. Les compagnies maritimes ne seraient pas les seules à en profiter, le secteur scandaleux du négoce de matières premières également. En effet, toutes les entreprises qui possèdent leurs propres navires de transport tenteraient de gonfler leurs bénéfices dans ce domaine afin de profiter des nouveaux privilèges fiscaux. Les pertes fiscales au détriment de la population n’ont même pas été calculées.