En comparaison européenne, notre pays demeure un des moins généreux dans le domaine. Une évaluation réalisée en 2011 par l’Office fédérale des assurances sociales (OFAS) mettait d’ailleurs en évidence le fait que plus de 60% des femmes prenait un congé de maternité plus long que les 14 semaines prévues par la loi. L’étude mettait aussi en évidence que parmi les femmes interrogées dans ce cadre, 76% estimaient que la durée de 14 semaines était trop courte. Elles souhaitent avoir six mois pour allaiter leur enfant.
Beaucoup reste donc à faire dans notre pays pour combler les lacunes de la politique familiale. Notre population vieillit et nous rencontrons un problème de natalité. En 2011, 1.52 enfants par femme sont nés en moyenne en Suisse. Or, dans les pays industriels, le remplacement générationnel est assuré lorsque naissent en moyenne 2.1 enfants par femmes. Il paraît donc urgent de développer des mesures d’aide et d’encouragement aux familles. Alors qu’il existe déjà des mesures fiscales – instaurées récemment – il s’agirait plutôt de développer les mesures structurelles.
Parmi celles-ci, l’introduction d’un congé parental qui devrait être proposé aux deux parents. Indépendant du type de famille, ce congé devrait être flexible et librement organisable durant la première année de l’enfant (né dans la famille ou adopté).
Quels motifs plaident pour un tel système ?
Le congé parental fait partie des mesures de conciliations de la vie familiale et de la vie professionnelle pour se consacrer aux soins, à la garde et à l’éducation des enfants en bas âge. Plus de trois-quarts des femmes qui vivent en ménage avec des enfants de moins de 15 ans assument la responsabilité du travail domestique. Dans les couples élevant un enfant de moins de sept ans, les femmes consacrent en moyenne 56 heures par semaine au travail domestique et familial non rémunéré contre 29 heures pour les hommes. Les femmes qui élèvent seules leurs enfants consacrent elles 48 h par semaine à ces tâches. On sait aussi que dans notre pays, les femmes réduisent leur temps de travail, arrêtent temporairement ou définitivement de travailler. Plus tard, lorsque les enfants sont plus âgés les femmes recommencent à travailler, le plus souvent à temps partiel (OFS, chiffres relatifs à la responsabilité du travail domestique, 2013).
Avec un congé parental, on donnerait la possibilité à de nombreux couples qui le souhaitent de continuer à se répartir les tâches de manière équitable, à la naissance d’un enfant.
Aussi, toutes les études internationales montrent que les premiers mois de vie sont décisifs pour la relation entre chacun des parents et l’enfant. Il est ainsi démontré que les pères qui bénéficient de deux ou plusieurs semaines de congé paternité ont davantage tendance à s’occuper des enfants en bas âge que ceux qui n’ont aucun congé.
En outre, nous observons aujourd’hui un développement à deux vitesses : toujours plus de parents peuvent se permettre un congé parental qu’ils financent eux-mêmes, cependant que la grande majorité des personnes percevant des moyens ou des bas salaires n’en a simplement pas les moyens. Simultanément, de grands employeurs négocient des solutions plus ou moins généreuses avec leurs collaborateurs et collaboratrices. Les salariés d’entreprises plus petites restent les mains vides. Ceci induit une inégalité choquante entre les employé-e-s, mais aussi entre les PME et les grandes entreprises.
Dix ans d’allocations maternité se fêtent donc. Et permettent aussi de se projeter dans l’avenir avec de nouveaux projets pour l’égalité des sexes et pour la conciliation entre vies professionnelle et familiale.