Le Conseil fédéral soumet au Parlement un programme d’armement 2024 d’un montant de 490 millions de francs et délimite un plafond de dépenses pour l’armée jusqu’en 2028 d’un montant de 25,8 milliards de francs. Ces projets, déraisonnables du point de vue de la politique financière, sont calculés politiquement : malgré une augmentation massive du budget de l’armée, il s’agit de donner l’impression que celle-ci arrive à la limite de son financement, pour ensuite exiger encore plus d’argent du Parlement. Le PS demande l’abandon pur et simple du programme d’armement 2024.
« Le fait qu’un programme d’armement soit à nouveau demandé malgré un manque de liquidités n’est pas seulement déraisonnable du point de vue de la politique financière, il répond également à un calcul politique », déclare la conseillère nationale socialiste Laurence Fehlmann Rielle (GE). « Afin de pouvoir exiger encore plus d’argent du Parlement, on veut donner publiquement l’impression que l’armée n’est pas en mesure de remplir ses obligations, et ce malgré une augmentation massive de son budget. Il faut mettre un terme à ces exigences outrancières qui assèchent le reste du budget fédéral. »
Le programme d’armement 2024 soumis au Parlement par le Conseil fédéral est lourd de 490 millions de francs. « Et ce, bien que les huit milliards de francs pour l’avion de combat F-35 et le système de défense sol-air Patriot ne laissent aucune marge de manœuvre pour de nouveaux projets — notamment parce que de nombreux autres programmes d’armement des années précédentes sont encore en cours », explique le conseiller national socialiste Pierre-Alain Fridez (JU). « C’est pourquoi le PS demande la seule mesure raisonnable du point de vue de la politique financière : le programme d’armement 2024 doit être entièrement annulé. »
L’enveloppe financière de 25,8 milliards de francs allouée à l’armée pour les quatre prochaines années a des conséquences sur d’autres tâches liées à la sécurité. « Si, par exemple, des coupes massives sont effectuées dans la coopération internationale, cela génère un problème de politique de paix et de sécurité dans le Sud global », poursuit Pierre-Alain Fridez.
Planification des capacités jusqu’en 2035 : irréaliste et trop coûteuse
De plus, le Conseil fédéral a annoncé aujourd’hui, avec la planification des capacités jusqu’en 2035, comment il entend définir l’orientation future de l’armée. « Cette planification des capacités va dans la mauvaise direction et n’est pas finançable », poursuit Pierre-Alain Fridez. « La planification des capacités militaires jusqu’en 2035 a besoin d’une étiquette de prix réaliste. Il ne suffit pas de chiffrer les coûts d’acquisition, il faut aussi indiquer les coûts subséquents. Ceux-ci risquent de déraper en raison de la numérisation de l’armée et de sa réorientation vers des scénarios de menace totalement irréalistes, raison pour laquelle le DDPS renonce à les inclure dans le calcul. »