Article de Martine Docourt et Tamara Funiciello, co-présidentes des Femmes* socialistes suisses
Dans une école de Genève, les écolières – toutes des filles – devaient porter un T-shirt surdimensionné portant l’inscription “J’ai une tenue adéquate” pour cacher leurs épaules nues ou un haut sans ventre. Ce n’est pas un hasard si ce sont presque exclusivement les filles qui sont touchées par ces mesures dans toutes les régions du pays. Les réglementations telles que celle qui stipule que les vêtements ne doivent pas être “trop sexy/excitants/ provocateurs” visent directement les femmes, leurs vêtements et leur corps. Les vêtements des hommes deviennent un sujet tout au plus lorsqu’ils semblent manifestement (et intentionnellement) mal entretenus. Les écolières sont accusées de distraire leurs camarades de classe masculins avec leurs vêtements – et en un instant nous nous retrouvons au milieu des accusations malheureusement encore courantes contre les femmes. Les femmes continuent d’être accusées d’être responsables de harcèlement et même de s’agresser elles-mêmes, parce qu’elles l’ont provoqué par leurs vêtements, leur comportement, leurs allées et venues.
Au lieu de cette dénonciation, une communication claire est nécessaire dans nos écoles : tout le monde doit savoir que seul OUI signifie vraiment OUI. Une épaule nue ou un nombril dénudé n’est pas un laissez-passer pour les agressions, ni un prétexte pour la “distraction”. Cet incident montre une fois de plus à quel point le comportement masculin est également soumis à un stéréotype sexiste. Il est suggéré que les hommes sont incapables de se concentrer ou même de se contrôler face à une épaule nue.
Le regard des adultes sexualise les élèves sans même leur demander pourquoi ils et elles portent telle ou telle tenue. Il est clair qu’il existe des vêtements plus ou moins appropriés aux différentes situations de la vie et que cela doit aussi être discuté dans les écoles. Mais nous voulons que les élèves concerné-e-s aient leur mot à dire dans ce débat. Nous exigeons qu’il y ait une discussion honnête sur le sexisme caché et visible et sur le droit à l’autodétermination et au respect sexuels.