Intervention de Marina Carobbio Guscetti au sein du Conseil des Ètats
Nous sommes réunis ici pour discuter de ma proposition de corriger l’article 113 du Code pénal dans les versions italienne et française. La version allemande n’a pas besoin d’être modifiée car la formulation utilisée pour décrire l’acte criminel est neutre « Totschlag ». Il est question des termes « passionale » et « passionnel » qui sont utilisés en italien et en français pour décrire un meurtre lorsque l’auteur « a tué alors qu’il était en proie à une émotion violente que les circonstances rendaient excusable, ou qu’il était au moment de l’acte dans un état de profond désarroi ». Je reconnais dans cette description du meurtre passionnel un mot que je trouve particulièrement difficile à accepter : excusable. La passion associée à l’adjectif excusable est dangereuse pour les raisons énoncées ci-après. C’est une question de langue. C’est une question sémantique, mais c’est une question importante car les mots ont du poids.
Selon les données publiées par l’Office fédéral de la statistique en 2018 : « les femmes sont nettement plus fréquemment la cible d’homicides par un (ex) partenaire que les hommes : durant la période allant de 2009 à 2016, on dénombre en moyenne 11 victimes de sexe masculin et 39 victimes de sexe féminin par année. Et le rapport entre les sexes est encore plus déséquilibré si l’on considère uniquement les victimes décédées : pour 15 hommes, on compte 108 femmes. La proportion de femmes tuées est donc sept fois plus élevée » . Nous savons que le problème de la violence dans notre société doit être résolu. Chaque meurtre est une tragédie. Mais ce que les données énumérées ci-dessus montrent clairement, c’est que les femmes sont, de manière disproportionnée, plus susceptibles d’être victimes de violences mortelles de la part de leurs (ex)partenaires que les hommes. Il existe une nette marge d’amélioration pour réduire ce phénomène.
Ce qui lie ma motion à l’observation du nombre élevé de meurtres de femmes par un ( ex ) partenaire est fortement lié au poids et à l’importance des mots.
Les médias utilisent souvent l’adjectif « passionnel » pour qualifier un meurtre ou un crime commis entre partenaires ( passés ou présents ) dont les femmes sont souvent les victimes. Le Code pénal peut prévoir une peine moins sévère pour le meurtre passionnel si le sujet était sous l’emprise d’émotions violentes excusables. La confusion est donc créée. L’utilisation abusive du terme « passionnel » dans les médias peut facilement suggérer un acte excusable. C’était un « amour malade » ou « la femme le trompait », et c’est pourquoi, sous l’emprise d’une passion aveugle, il a pris la vie de son ( ex ) partenaire. Cela justifie l’acte et fait porter le fardeau à la victime. C’est le poids des mots et c’est exactement pourquoi il est nécessaire que nous utilisions les termes corrects pour décrire les phénomènes sociaux.
C’est pourquoi je propose d’utiliser un terme neutre dans les versions italienne et française du code pénal, comme il est le cas dans la version allemande. Il ne s’agit pas d’un simple changement de forme. Comme je l’ai expliqué, il s’agit d’une nécessité afin d’éviter que les meurtres de femmes soient qualifiés de « passionnels » et résultent donc excusables aux yeux de la société.
Ritengo sia giusto affrontare questo tema in un esame separato da quello che riguarda l’oggetto 18.043 Armonizzazione delle pene e adeguamento del diritto penale accessorio alla nuova disciplina delle sanzioni. Si tratta di affrontare un problema a sé stante e ben preciso, cambiando finalmente un’espressione che dà adito a fraintendimenti e che è dannosa per la promozione della parità di genere. Vogliamo dare un segnale forte alla società iniziando noi per primi a scegliere di utilizzare dei termini corretti.
Il linguaggio della società evolve ed è bene che lo faccia anche quello legislativo. Nel 2019, la parola dell’anno arrivata in seconda posizione in Romandia era «Féminicide» . Una parola che esprime un problema: quello dell’uccisione delle donne in quanto donne. Qui non stiamo discutendo di introdurre il termine femminicidio nel Codice Penale, anche se è un discorso in atto in vari paesi.
Come abbiamo visto prima il termine «passionale» non è neutro: nel linguaggio corrente e in quello utilizzato dai media spesso si associa all’uccisione di una donna.
Vi rendo attenti a questa differente situazione linguistica presente nel nostro Codice penale. Ritengo sia necessario correggere il termine, in quanto ora la società e i media lo associano a dei crimini di genere che tutti vogliamo eliminare. Combattiamo questo problema con le parole per poi chinarci ad affrontarlo con proposte di azioni concrete all’interno della società.
Concludo citando una scrittrice italiana, Michela Murgia, che in una sua recente pubblicazione, conclude che «la politica del linguaggio non sembra (o non può sembrare, aggiungo io) la cosa più importante da perseguire, ma è quella invece da cui prendono le mosse tutte le altre, perché il modo in cui nominiamo la realtà è anche quello in cui finiamo per abitarla».