Le contexte
Les gares et les terrains ferroviaires sont l’objet d’intenses spéculations immobilières. Les CFF et leur filiale CFF Immobilier construisent1 à tour de bras principalement des locaux commerciaux (21.8067). Lorsque les CFF bâtissent des logements, il s’agit surtout d’appartements qui ne sont pas abordable à la majorité de la population.
Alors que la droite veut supprimer le droit de timbre et l’impôt anticipé, la Confédération exige du service public qu’il réalise des bénéfices et fasse entrer de l’argent dans ses caisses. C’est dans ce contexte que s’inscrit la politique immobilière des CFF qui n’a rien à envier à celle de SwissLife et de Blackrock, l’un de ses principaux actionnaires.
Un danger pour l’avenir du rail
Cette politique pose la question de la capacité des CFF à répondre aux besoins futurs du trafic ferroviaire. Comment, en effet, les CFF peuvent-ils déclasser autant de terrains pour spéculer sur le marché immobilier alors que, jusqu’à présent, ces parcelles étaient considérées comme nécessaires au fonctionnement du service public. La réponse du Conseil fédéral à cette question (22.7022)2 n’est pas de nature à rassurer celles et ceux qui, de notre côté de l’échiquier politique, considèrent que le développement du rail est central pour lutter contre le réchauffement climatique.
Des impacts désastreux sur le logement
Cette politique pose surtout la question du rôle de la Confédération dans la crise du logement. En construisant des logements inabordables et des bureaux, les CFF au contraire l’alimentent. Les rénovations, agrandissements ou constructions de gares transforment en effet fondamentalement les conditions de vie dans les centres villes. Les CFF et les bailleurs privés propriétaires d’immeubles dans la périphérie des gares profitent de ce nouvel attrait pour chercher à augmenter massivement les loyers, parfois à la suite de travaux de rénovation. A Genève, mais aussi désormais à Bâle-Ville et dans le Canton de Vaud, suite aux initiatives populaires des associations de défense des locataires, il est plus rare que les locataires en place soient expulsés au prétexte de réaliser ces travaux, mais tel n’est pas le cas à Berne ou à Zurich. Les salarié-es qui n’ont pas de gros revenus sont chassés des centres urbains.
Une question fondamentalement politique
La position privilégiée des CFF leur permettrait pourtant de jouer un rôle tout aussi décisif pour éviter l’exode des classes populaires. Pour cela, CFF Immobilier doit mettre la priorité sur construction de logements abordable et de locaux commerciaux accessibles aux PME. Les terrains sur lesquels les CFF construisent ont souvent été acquis ou cédés pour le besoin du service public. Il est donc normal que ceux-ci profitent à la majorité de la population. Les rares parcelles soustraites à la dictature de la rente foncière ne doivent pas être utilisées selon les pires exigences de surprofit.
Une initiative parlementaire (21.531)3 a été déposée pour que les terrains des CFF servent à construire des logements et des locaux commerciaux qui répondent au besoin prépondérant de la population. Ceci profitera aux ménages à revenus moyens et modestes qui pourront vivre dans les immeubles des CFF, mais sans doute aussi dans les logements en mains privées puisque cette politique aurait aussi un impact positif sur les loyers alentours, en évitant une spirale à la hausse des loyers autour des gares et des infrastructures de transport. Ceci permettra également de créer plus d’emplois au centre-ville – et des emplois peut-être meilleurs que ceux fournis par les enseignes multinationales qui sont légions dans les gares et les quartiers alentours, vu les loyers exigés.
Le projet de promotion immobilière des CFF sur un ancien site de réparation ferroviaire (Gleisfeld) à Zurich illustre ce combat en faveur du droit au logement. Le PS combat ce projet qui ne tient pas suffisamment compte du besoin en logements abordables. Les CFF jouent un bras de fer en accusant la gauche d’empêcher la construction de logements bon marché (logements d’utilité publique – LUP) parce que nos camarades refusent que ceux-ci ne représentent au final qu’un tiers du programme. Jusqu’à présent, les CFF rejettent la proposition minimale de 40 % de LUP et montrent qu’ils ne poursuivent l’intérêt public que lorsqu’ils y sont contraints par la loi. Il reste maintenant à voir comment les CFF vont réagir à la décision du Conseil communal et comment ils vont procéder.