Je suis très fière d’être à l’origine de l’interdiction explicite dans le Code pénal des mutilations génitales féminines commises en Suisse et – fait exceptionnel – à l’étranger par des habitant-e-s de notre pays. Considérée dans toutes ses formes comme une lésion corporelle grave, cette pratique est poursuivie d’office; les actes préparatoires, l’instigation ainsi que la complicité dans la pratique des MGF sont aussi punissables. Cette norme doit surtout avoir un effet préventif et, par exemple, empêcher d’envoyer sa fille passer des vacances à l’étranger pour subir cette pratique médicalement risquée.
L’excision est aussi une grave violation des droits des femmes. Je la considère comme le summum de l’inégalité entre femmes et hommes, son but premier étant d’empêcher la jouissance féminine pour assurer la fidélité à l’époux. C’est d’une extrême violence, non seulement physiquement, mais aussi au niveau symbolique.
Mais, comme le souligne le Conseil fédéral, la norme pénale contre les MGF en vigueur depuis 2012 ne suffit pas. Elle doit être complétée par des mesures de protection pour les femmes concernées et des actions de prévention, de sensibilisation et d’information. C’est dans ce but que le Conseil fédéral soutient la création d’un réseau national contre les MGF. Je salue cette décision et remercie nos conseillers fédéraux Alain Berset et Simonetta Sommaruga d’avoir donné cette nouvelle impulsion à la lutte contre les MGF. L’ancien chef du Département fédéral de l’intérieur Didier Burkhalter voulait mettre fin à la campagne de prévention contre les MGF.
Mais pour lutter efficacement contre ce fléau, il manque encore une stratégie nationale. A ce titre, il est intéressant de constater que des stratégies cantonales n’existent qu’en Suisse romande, donc dans des cantons qui ont moins la fièvre des économies que d’autres outre-Sarine. Genève a été pionnière en la matière. Dans ce contexte, la Confédération se doit de jouer un rôle de coordination au niveau national et de soutenir la collecte de données, le monitoring et l’évaluation, qui sont les conditions d’un engagement durable contre les MGF.
Les belles paroles du Conseil fédéral ne suffiront pas. Il doit aussi se donner les moyens de ses ambitions en dégageant un budget permettant aux organisations de la société civile, en lien direct avec les personnes concernées, d’accomplir toutes les tâches essentielles. Espérons qu’il soit généreux et que le parlement sorti des urnes ne coupera pas dans des budgets de prévention de ce type. Je compte sur vous, chères camarades, pour être attentives à ce sujet et pour poursuivre la lutte !
Maria Bernasconi, ancienne conseillère nationale (GE)