3000 misérables francs par mois, soit 16,50 francs de l’heure… C’est ce que gagne une coiffeuse à plein-temps, une fois son CFC en poche… À peine de quoi se nourrir et payer un loyer, l’assurance maladie, les transports en commun et les factures courantes… Alors le week-end, c’est soit le ciné, soit le pop-corn ! Quant aux vacances…Est-ce que vous vous sentez vraiment à l’aise quand vous vous prélassez chez la coiffeuse en sachant que malgré son excellent travail elle galère ? Moi pas !
C’est inacceptable, d’autant que ce salaire, loin d’être une exception, est une réalité dans de nombreuses professions. Lorsqu’ils ou elles terminent leurs apprentissages respectifs, les fleuristes touchent entre 3’000 et 3’500 francs, les vendeur-euse-s entre 3’100 et 4’200 francs et les assistant-e-s en pharmacie entre 3’100 et 4’000 francs. Actuellement en Suisse, 9 % des salarié-e-s travaillent à plein-temps pour moins de 4’000 francs par mois. Parmi ces 335’000 personnes, près des trois quarts sont des femmes. En effet, sept sur dix actifs à plein-temps dont le salaire mensuel est inférieur à 4 000 francs sont des femmes. Cherchez l’erreur une première fois. Et : un tiers de ces personnes ont un CFC… Cherchez l’erreur une deuxième fois!
Autre argument avancé : le partenariat social qui fonctionnerait parfaitement dans notre pays. Oui, pour la moitié des salarié-e-s. Qu’en est-il des autres ? Et notamment de celles qui travaillent dans les domaines typiquement féminins où le taux de couverture par CCT avoisine le 0% ? Avec un taux de couverture conventionnelle d’environ 50 %, notre partenariat social est sous-développé en comparaison internationale. Dommage que la CER-N n’ait même pas consenti à renforcer l’instrument des CCT pour assurer une meilleure protection des salarié-e-s au moyen de salaires minimums.
Vous craignez que le peuple vote non l’an prochain aux accords bilatéraux sur la libre circulation des personnes. Faut-il le rappeler ? Les personnes critiques face à l’ouverture des frontières ont surtout peur d’une chose : que l’on engage un concurrent venu d’ailleurs pour moins cher. Or, un salaire minimum imposé est la meilleure protection contre la sous-enchère salariale. Et un moyen efficace pour rassurer la population. Mesdames et Messieurs les libéraux-radicaux et PDC, vous devriez y songer si vous voulez combattre efficacement les velléités de fermeture de notre pays, et continuer à faire du commerce avec nos partenaires économiques de l’Europe !
Encore un mot à l’adresse des employé-e-s de la Confédération et des cantons : même s’ils et elles disposent déjà d’un salaire minimum à 4000 francs, les employés des administrations publiques aussi ont tout intérêt à ce que le salaire minimum se généralise. Car cela protège les salaires actuels, tout en évitant les privatisations et externalisations de certains services – comme par exemple le nettoyage – puisqu’il n’y aurait plus d’avantage financier à les externaliser. Et ces employé-e-s, qui se soucient de notre bien-être quotidien ici, auraient les mêmes bonnes conditions de travail que vous.
On a toujours fait peur aux salarié-e-s avec l’assertion que si l’on améliorait les conditions de travail dans ce pays, son modèle économique allait sombrer et le pays avec. Cela a commencé par l’interdiction du travail des enfants et s’est terminé avec l’instauration d’une assurance maternité. Or, c’est bien le contraire qui est arrivé : notre économie va bien grâce à un bon environnement social qui favorise la cohésion sociale. Pour contrer la pression sur les salaires, pour maintenir la cohésion sociale et l’ouverture de notre pays, il faut soutenir l’initiative demandant un salaire minimum.