Non à un discours de la peur et de la haine !

Contribution de Kaya Pawlowska, membre du Collectif genevois de la grève des femmes* et co-présidente du Groupe de travail Égalité PS Genève à la conférence de presse sur l’initiative anti-burqa du 8 février 2021.

Mesdames, Messieurs de la presse,

Dans la population suisse, il y a environ 400’000 personnes de confession musulmane, dont un tiers sont citoyennes et citoyens suisses. Leur pratique religieuse occupe leur sphère privée et avec ce débat sur la burqa, elle occupe maintenant la sphère publique. Sur les réseaux sociaux, tout le monde est docteur en islamologie. Pourtant, il y a certainement 1000 façons d’être musulman, comme il y a 1000 façons d’être chrétien.

Pour l’UDC, il y a une Suisse, un peuple, une culture, et un ennemi. L’étranger. L’étranger est parfois musulman, parfois romand. Toutes les initiatives de l’UDC veulent nous défendre contre l’étranger, « les criminels étrangers » « l’immigration de masse ». L’UDC est un parti isolationniste, sexiste et raciste. En 2017, le parti a même été condamné par le Tribunal fédéral pour son affiche contre les Kosovares au nom de notre art.261bis du code pénal. Si l’UDC tient tant à nos valeurs, pourquoi ne respecte-il même pas le code pénal ?

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et avec l’initiative contre les minarets, les suisses musulmans sont régulièrement stigmatisés. Les femmes musulmanes sont prises à partie, insultées dans la rue et sur les réseaux sociaux et on leur arrache leur voile. Il n’est pas acceptable de systématiquement considérer les femmes musulmanes suisses comme des personnes étrangères qu’il faudrait sauver. Les politicien·nes et les médias doivent considérer les femmes* musulmanes vivant en Suisse comme faisant partie intégrante de la population de ce pays. Ce sont donc des suissesses que l’on insulte.

Nous ne laisserons pas l’UDC imposer sa vision d’une Suisse en conflit avec ses citoyen·nes. Son discours est celui de la peur et de la haine, typique d’un patriarcat aux abois. C’est le discours de Trump sur les mexicains, de Bolsonaro sur les indigènes d’Amazonie et de Le Pen sur les minorités maghrébines. Ce « diviser pour mieux régner » est pourquoi nous défendons un féminisme intersectionnel fort et uni.

En effet, comme la Grève féministe, nous considérons que le meilleur remède au populisme est le féminisme. Une démocratie féministe est inclusive, égalitaire et ne stigmatise pas les personnes quel que soit leur genre ou leur religion. Une démocratie féministe parle de laïcité mais ne dira jamais à une femme comment s’habiller. Dans une démocratie féministe, il n’y a pas la place pour le discours de haine de l’UDC.

Merci.

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