Projetons-nous dans le futur : nous votons sur la Loi sur le CO2 en juin prochain. La Suisse aurait dû réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2020, mais nous n’avons à ce jour réussit qu’à en réduire 14 %. Avec la Loi sur le CO2, ce seraient désormais 50 % des émissions qu’il faudrait réduire d’ici 2030. N’est-ce pas illusoire ?
Pas du tout. C’est précisément la raison pour laquelle je suis attachée à défendre cette loi. Nous en avons besoin pour pouvoir réduire au moins de moitié nos émissions de CO2 d’ici à 2030. Nous décidons aujourd’hui de ce à quoi ressemblera notre pays en 2030. Et surtout, nous le faisons d’une manière qui sert non seulement le climat, mais aussi la population.
Nous traversons une grave crise économique. D’où viendra l’argent pour financer ce projet ?
Au cours des dix dernières années, nous avons payé 80 milliards de francs aux compagnies pétrolières à l’étranger pour l’importation de pétrole et de gaz. Je veux que cet argent reste en Suisse pour que nous investissions dans des emplois d’avenir ici. Le pétrole, le charbon et le gaz sont des énergies du passé. Nous devons maintenant fixer le bon cap. Avec la nouvelle loi, nous investissons dans les infrastructures et dans le service public. Par exemple, la loi soutient l’achat de bus électriques pour les transports publics ou la construction de réseaux de chauffage urbain par les villes et les municipalités.
Qui va payer l’addition ?
D’un point de vue climatique, celles et ceux qui vivent sur un grand pied le paient à travers cette loi. Ceux qui voyagent en avion plusieurs fois par an, par exemple, sont davantage sollicitées. Mais ce n’est qu’une petite minorité. La loi est équitable et conçue de manière sociale. Les deux tiers des taxes perçues au titre de la loi sur le CO2 sont reversés à la population. Dans le cas de la taxe sur les billets d’avion, c’est la moitié qui est remboursée. Le remboursement se fait individuellement. Cela signifie que les familles avec enfants reçoivent également de l’argent pour chaque enfant. C’est pourquoi la loi est également favorable aux familles.
Les personnes vivant dans les centres urbains peuvent souvent prendre les transports publics pour leurs déplacements. Mais les personnes qui vivent dans des régions périphériques où les transports publics sont insuffisants n’ont pas le choix : ils et elles dépendent de la voiture.
C’est pourquoi il n’y a toujours pas de taxe sur le CO2 pour l’essence. Toutefois, la loi sur le CO2 accroît la pression exercée sur l’industrie automobile pour qu’elle importe des voitures plus efficaces. Cela ne profite pas seulement au climat. Elle profite également à celles et ceux qui dépendent des voitures. Car avec des voitures plus efficaces, le coût de l’essence diminue.
La rénovation des vieux bâtiments recèle un grand potentiel climatique. Si vous vivez dans un vieil appartement, vous n’avez généralement aucune influence sur l’investissement locatif, mais vous finissez tout de même par payer plus cher.
C’est une peur infondée : une étude a montré que les rénovations respectueuses du climat, en particulier dans les bâtiments anciens, peuvent entraîner une réduction des coûts globaux pour les locataires. Les locataires bénéficient alors de coûts de chauffage nettement inférieurs. En principe, les locataires ne sont guère affectés financièrement par la proposition.
Que se passera-t-il si le projet de loi est rejeté ?
Nous serions ramené-e-s des années en arrière en termes de politique climatique – et nous manquerions l’occasion de façonner notre avenir d’une manière respectueuse du climat. Nous avons donc besoin de cette loi, maintenant ! Il y a encore beaucoup à faire pour garantir la neutralité climatique en 2050. Nous devons fixer le bon cap maintenant.