« Les femmes sont discriminées par rapport à leurs salaires, alors que le principe « à travail égal, salaire égal » est inscrit dans la Constitution depuis près de 40 ans. Réduire leurs rentes serait aujourd’hui un affront inacceptable », déclare Valérie Piller Carrard, conseillère nationale (FR). « Avec une année de rentes en moins, les femmes perdraient au total 10 milliards de francs d’ici à 2030. En l’état, les mesures compensatoires prévues ne couvriraient que 30% de cette perte. Ce n’est pas suffisant. » Plutôt que de réduire les prestations, c’est au volet financier de cette réforme qu’il faut réfléchir.
Les femmes travaillent surtout dans des secteurs où les revenus sont faibles et elles sont sous-représentées dans les métiers à salaires élevés. Les travailleuses âgées sont victimes de discriminations sur le marché du travail et doivent souvent cesser de travailler contre leur gré. En outre, de nombreuses femmes se retrouvent dans des situations de précarité à la retraite. En Suisse, un demi-million de femmes actives ne disposent pas d’un deuxième pilier en raison d’un revenu insuffisant. Dernière inégalité, et non des moindres, les femmes accomplissent une grande partie des tâches non reconnues et non rémunérées que représentent le travail du care et de prise en charge des enfants et des proches.
Le projet de réforme AVS du Conseil fédéral, visant à augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, a déjà échoué à trois reprises – deux fois devant le peuple, une fois au Parlement. Le fait qu’il propose à nouveau cette augmentation dans son projet AVS 21 n’est pas seulement une erreur de stratégie politique, mais aussi un signe de mépris de la volonté populaire.