Article de Christiane Imsand, publié le 30 septembre 2019 sur Arcinfo
Le débat climatique a-t-il un genre? C’est en tout cas l’avis des Femmes socialistes qui constatent que la révision de la loi sur le CO2 se concentre sur des mesures techniques touchant les voitures et les avions. «Les jouets des hommes ont été au centre des discussions», ironise la conseillère nationale Ursula Schneider Schüttel (PS, FR). Selon elle, les sénateurs ont pris des mesures nécessaires mais elles restent insuffisantes. «La crise climatique est l’occasion d’ouvrir un débat de société qui porte aussi sur l’égalité des sexes. Car il n’y a pas de justice climatique sans justice de genre.»
Cette problématique sera au cœur de la prochaine assemblée des Femmes socialistes, à la mi-novembre. Selon la Neuchâteloise Martine Docourt, coprésidente du mouvement, les femmes et les hommes ne vivent pas le changement climatique de la même façon, notamment dans les pays du Sud où les catastrophes naturelles affectent particulièrement les femmes. Elles ont pourtant moins voix au chapitre parce qu’elles détiennent rarement les leviers de commande.
«L’environnement doit faire partie du partage des tâches»
«Le milieu de l’énergie est très masculin», souligne Martine Docourt. «Faute de changement dans l’organisation de la société, on risque un renforcement de la répartition traditionnelle des rôles. Aujourd’hui, ce sont les femmes qui assument la plus grande part du travail de «care» (réd: prise en charge des proches). Ce sont aussi elles qui procèdent le plus aux achats de base et qui sont donc en position de changer les comportements alimentaires. Mais il ne faudrait pas que le développement durable devienne le nouveau travail de care. L’éducation à l’environnement doit faire partie du partage des tâches.»
Pour Ursula Schneider Schüttel, l’implication des femmes dans le débat climatique permettrait une approche plus diversifiée et donc plus riche. «En France, c’est la hausse du prix du carburant qui a entraîné la crise des gilets jaunes», rappelle-t-elle. «Si l’on veut éviter un pareil phénomène en Suisse, il ne faut pas renoncer aux taxes, mais favoriser les alternatives à la mobilité individuelle respectueuses du climat. Les femmes y sont particulièrement ouvertes, car elles sont de plus grandes utilisatrices des transports publics que les hommes.»