Plus de deux douzaines de parlementaires sont à la solde des assureurs, des caisses maladie, des comparateurs de primes ou de lobbys officiels de la santé. Qu’ils soient consultant-e-s, membres de Conseils d’administration ou délégué-e-s, au-delà de l’originalité des titres choisis, ces parlementaires ne représentent pas uniquement le peuple, mais également leurs généreux mécènes du monde des assurances. L’influence des caisses maladie a de nouveau été clairement perceptible ce mercredi au Conseil national. Le lobby des caisses est parvenu à ses fins, en ralliant les rangs de la droite à un non à l’initiative « pour une caisse maladie publique ».
La coalition en faveur de l’initiative regrette cette décision et le manque de proximité avec les préoccupations de la population. Les avantages d’une caisse publique sont évidents, si l’on accepte de sortir des sillons idéologiques :
- La caisse maladie publique est plus simple : médecins, pharmaciens, hôpitaux ou organisations de soins à domicile doivent aujourd’hui se débattre au milieu d’une jungle de plus de 60 caisses, chacune d’entre elle édictant ses propres règles. Avec plus de 300’000 produits et modèles d’assurances, les caisses cherchent aujourd’hui à attirer de nouveaux assurés. Cette pseudo-concurrence ne profite qu’aux caisses, le catalogue de prestations étant défini dans la loi.
- La caisse maladie publique est plus juste : elle met un terme à la chasse aux bons risques, particulièrement dommageable et peu solidaire, à l’arbitraire et aux chicanes placées sur la route des personnes âgées et des malades chroniques.
- La caisse maladie publique est moins chère : des millions provenant de l’argent des primes sont utilisés en publicité et en provisions. L’actuel système de pseudo-concurrence n’a jamais démontré qu’il permettait de maintenir les primes au plus bas. Au contraire, la semaine passée, le comparateur de primes en ligne comparis.ch, proche des caisses, expliquait que les primes étaient trop basses au vu de l’évolution des coûts dans le domaine de la santé. Les caisses auraient-elles voulu éviter de nouvelles augmentations de primes à l’approche d’une votation populaire sur le sujet ?
La coalition en faveur de l’initiative est convaincue que la population, une fois l’automne venu, adressera la facture aux caisses. Il est désormais temps d’engager un changement de système, l’expérience de la « concurrence dans le domaine de la santé » ayant clairement échoué. Après 20 ans d’un champ expérimental antisocial et coûteux, l’heure est venue d’y mettre un terme.