Le Conseil des Etats, après des débats de fond, est parvenu à compenser socialement la réforme de la prévoyance vieillesse 2020, initialement orientée vers un démantèlement, afin de la rendre acceptable pour une majorité de la population : les 840 francs annuels (respectivement 2’712 francs pour les couples) supplémentaires pour les rentes AVS, équivalent aux 12% des pertes de rentes dans les caisses de pension, induites par une baisse du taux de conversion. Cette réforme sera nettement moins onéreuse pour les jeunes que la variante d’une compensation au travers du second pilier, telle que souhaitée par le Conseil national. Le Conseil des Etats a, de surcroît, permis de conserver deux acquis historiques essentiels : la compensation du renchérissement et les rentes de veuves, sans que la réforme ne coûte plus chère pour autant. A contrario, le Conseil national entend refuser près de la moitié des moyens nécessaire à l’AVS pour absorber les années du « babyboom ». L’objectif est clair : pratiquer une politique de la terre brûlée, en asséchant les caisses, faisant ainsi monter la pression pour augmenter l’âge de la retraite à moyen terme.
Les deux Conseils ont déjà avalisé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Cette décision nécessite donc une approche plus sociale. L’amélioration des rentes des femmes de manière ciblée, tout comme une meilleure prise en compte du travail à temps partiel pour les rentes, sont des exemples de compensations sociales apportées par la variante du Conseil des Etats.
L’AVS est souvent citée en exemple à l’international en matière d’Etat social. Sans AVS, la pauvreté continuerait à progresser dans la classe moyenne, même si l’objectif constitutionnel visant à couvrir les besoins existentiels n’est pas encore rempli. La variante du Conseil des Etats renforce l’AVS et fait ainsi un pas, certes petit, mais dans la bonne direction. Ce n’est qu’ainsi que la réforme « prévoyance 2020 » pourra être perçue comme sociale et obtenir une majorité en vue d’une votation populaire sur la question. L’idéologie véhiculée au Conseil national affaiblit au contraire l’AVS et entraîne la réforme vers des risques politiques majeurs.