AVS renforcée
Pour compenser le relèvement de l’âge de la retraite des femmes et la baisse prévue des rentes du 2e pilier, la chambre haute propose d’augmenter de 840 francs par an les nouvelles rentes AVS et de relever le plafond des rentes pour couples mariés à 155 %. Le 1er pilier sera aussi renforcé dans son financement : l’augmentation des rentes reposera sur une hausse modeste des cotisations paritaires et l’AVS bénéficiera d’une augmentation de la TVA de 1 %.
Or, ce renforcement profitera avant tout aux femmes. Dans l’AVS, celles-ci reçoivent en effet plus de la moitié du total des rentes, alors qu’elles cotisent à hauteur d’un tiers. En outre, 40 % des retraitées ne touchent qu’une rente AVS. Sans compter que les rentes AVS des femmes sont bien plus proches de celles des hommes que dans le 2e pilier (où l’écart atteint 63 %), grâce au splitting et aux bonifications pour tâches éducatives ou d’assistance. La version du Conseil national, qui mise sur des compensations seulement dans le 2e pilier, est donc bien moins égalitaire ! En passant, le Conseil des États s’oppose aussi au démantèlement des rentes de veuve.
Bas revenus et temps partiel mieux assurés
En parallèle, la chambre des cantons défend des réaménagements du 2e pilier permettant de mieux couvrir les bas revenus et le travail à temps partiel. Des caractéristiques le plus souvent associées aux femmes, qui occupent 2/3 des postes payés moins de 4’000 francs par mois et qui sont 60 % à travailler à temps partiel. Grâce au passage à une déduction de coordination variable en fonction du salaire annuel, elles pourront améliorer leur 2e pilier. Avec le supplément AVS, ces femmes toucheront au final des rentes totales plus élevées.
Retraite flexibilisée
Dans l’AVS et dans la LPP, les conditions d’anticipation (ou d’ajournement) de la retraite seront assouplies : il sera possible de percevoir une partie de la rente tout en exerçant une activité à temps partiel (et en continuant d’améliorer sa prévoyance vieillesse), ce qui est le cas de 70 % des femmes de 55 à 64 ans. Et surtout, le taux de réduction de la rente AVS en cas de retraite anticipée sera moindre qu’aujourd’hui, ce qui profitera aux personnes souhaitant s’arrêter avant – près de la moitié des femmes aujourd’hui – par exemple à 64 ans, sans diminution de rente pour les petits et moyens revenus !
Le paquet des États doit sortir vainqueur !
La « solution » déséquilibrée, individualiste et coûteuse du National – qui parle de retraite à 67 ans en cas de souci financier de l’AVS – n’a aucune chance devant le peuple. Or, si cette réforme venait à échouer, l’âge de la retraite des femmes n’augmenterait certes pas – du moins dans l’AVS -, mais les rentes AVS non plus. Pire, le 1er pilier resterait sous-financé dans la perspective du départ à la retraite des baby-boomers. Avec, à la clé, le risque de coupes draconiennes et de démantèlements profonds sur le dos des femmes !
Espérons donc que le paquet des États, bien plus emballant, sorte vainqueur des discussions finales de cette session. Et que les femmes – comme les hommes qui sont aussi concernés par l’équilibre de l’AVS – y reconnaissent leur intérêt !