Les exploitants de centrales nucléaires menacent publiquement d’exiger des compensations élevées si le parlement devait limiter leur durée de vie. Un avis juridique commandé par le Groupe socialiste aux Chambres fédérales indique que les menaces des exploitants de centrales nucléaires sont de l’ordre du bluff. Les deux experts, Enrico Riva et Reto Müller, affirment que les exploitants de centrales nucléaires ne peuvent faire valoir leur droit à une indemnisation pour des dommages attribuables à un changement constitutionnel ou législatif.
« La base juridique pour déposer des demandes d’indemnisation existe bel et bien », concède Roger Nordmann, conseiller national (VD) et vice-président du Groupe socialiste aux Chambres fédérales. « Toutefois, étant donné qu’aucun dommage réel n’est fait aux centrales nucléaires, l’État n’aura rien à payer. » En effet, si l’électricité produite ne peut être vendue qu’à un prix inférieur aux coûts de production, l’arrêt « prématuré » de l’exploitation ne conduit pas à une perte financière, comme le démontrent clairement les experts.
Les exploitants de centrales nucléaires font en effet des pertes. Et cela ne va certainement pas changer dans un avenir proche. Au contraire, aujourd’hui, les prix de l’électricité ne permettent même plus de couvrir les coûts variables. Chaque jour qui passe, la dette des exploitants augmente, de sorte que le financement nécessaire au démantèlement et au traitement des déchets par les exploitants n’est plus assuré. Au final, le danger réside dans le fait que l’Etat risque de se voir contraint d’intervenir afin de démanteler ces centrales.
Si on veut protéger les contribuables il faut arrêter ce gaspillage d’argent le plus vite possible. D’un point de vue économique, une fermeture rapide des centrales est donc essentielle. En particulier en ce qui concerne Beznau ; la plus ancienne, la plus chère et la plus dangereuse centrale nucléaire encore en activité au monde.