Comuniqué de presse des Femmes socialistes du 25 novembre 2022
Toutes les deux semaines environ, une femme est tuée en Suisse dans le cercle familial. Chaque semaine, une femme survit à une tentative de féminicide. Ce bilan est effrayant et montre que les femmes en Suisse continuent d’être exposées à un grand risque. Cela ne peut plus durer : les femmes ont le droit de vivre sans violence. C’est la pierre angulaire d’une société égalitaire. La politique doit enfin donner la priorité à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Afin de se souvenir des femmes et des personnes perçues comme des femmes qui ont été assassinées en 2022, les Femmes socialistes suisses ont placé des paires de chaussures rouge sang sur les escaliers de la Terrasse fédérale. Chaque paire de chaussures représente une victime. Cette action, conçue par l’artiste mexicaine Elina Chauvet, s’inscrit dans le cadre des 16 jours contre la violence basée sur le genre, placés cette année sous le thème des féminicides.
« Il est important de parler de féminicides, c’est-à-dire de meurtres de femmes ou de personnes perçues comme des femmes », explique Martine Docourt, co-présidente des Femmes socialistes suisses. « On parle encore trop souvent, et notamment dans les médias, de drames familiaux, ce qui en atténue le sens. Cela sous-entend une complicité de la victime et donne l’impression qu’il s’agit de cas isolés. »
Afin de combattre et de prévenir de manière conséquente les féminicides ainsi que la violence domestique et liée aux identités de genre, les Femmes socialistes demandent que le féminicide soit reconnu comme un délit à part entière et que de tels actes soient enregistrés dans les statistiques. Il faut aussi davantage de moyens financiers pour les organisations spécialisées – tant pour la prévention et l’aide aux victimes que pour le travail avec les auteur-es. Le manque de financement actuel se traduit par des prestations insuffisantes pour les personnes victimes de discriminations multiples, des difficultés financières dans les centres de consultation pour les victimes et les auteur-es de violence, ainsi que par des refuges contraints de refuser des victimes.
« Chaque féminicide est un féminicide de trop », explique Tamara Funiciello, co-présidente des Femmes socialistes suisses et conseillère nationale (BE). « Le Conseil fédéral doit enfin agir contre la violence faite aux femmes – et mettre en place les moyens financiers nécessaires pour cela. »
Les féminicides ne sont pas des cas isolés, mais une problématique qui concerne l’ensemble de la société. Le manque d’égalité, les stéréotypes et la masculinité toxique en sont les causes. C’est pourquoi les Femmes socialistes suisses demandent également le développement de centres de consultation et de programmes d’information pour les auteur-es de violence, ainsi qu’une sensibilisation précoce aux questions de genre dans les écoles afin de remettre en question dès le départ les images traditionnelles de la masculinité et des rôles de genre.
« Si nous voulons attaquer le problème à la racine, nous avons besoin de nouveaux concepts de masculinité. Car la violence envers les femmes est avant tout un problème d’hommes », poursuit Martine Docourt. « Le récent rapport des expert-es de Grevio sur la Suisse révèle 59 lacunes dans la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul contre la violence à l’égard des femmes. Nous souhaitons maintenant nous attaquer résolument à ces lacunes dans le cadre d’une alliance de femmes interpartis. »