Dans le pire des cas, la conjugaison tragique de ces deux angoisses nous paralyserait et nous précipiterait de manière absurde dans le scénario cataclysmique. Pour contrer cet enchaînement diabolique, nous disposons cependant d’une capacité d’action sur deux plans: le progrès technique et la solidarité, appelés à se renforcer l’un l’autre.
Sur le plan technique tout d’abord: nous savons fabriquer des équipements qui nous permettent de chauffer notre habitat, de nous déplacer sur terre et de faire fonctionner nos usines sans réchauffer le climat. On peut y ajouter les domaines relevant de l’organisation, tels que le renforcement des transports publics. Une part des investissements nécessaires sont rentables et se mettent progressivement en place. Mais une autre part exige un soutien public.
À mon avis, dans tous les secteurs où ces solutions techniques et organisationnelles sont possibles, il faut les utiliser. En effet, suffisamment d’autres problèmes subsisteront, dans lesquels seules les adaptations de comportements permettront de réduire l’impact sur le climat.
La solidarité ensuite: actuellement, l’approche reste microéconomique. Ceux qui le peuvent et le veulent investissent, par exemple dans l’isolation de bâtiments, bénéficiant parfois d’un léger coup de pouce financier étatique. Mais les autres, parce qu’ils sont locataires ou que leurs moyens sont limités, ne parviennent pas à investir et craignent de subir le coût des mesures. C’est là qu’une approche globale amène un avantage décisif.
En instaurant un fonds pour le climat doté de 0,5 à 1% du PIB, la Confédération pourra soutenir tous les acteurs. La modernisation des équipements sera accélérée. La sécurisation de l’approvisionnement électrique bénéficiera des aides nécessaires. Il sera aussi possible de proposer aux bailleurs le soutien de l’assainissement énergétique en échange de la stabilité des loyers.
Comme ce fond pour le climat alimente des investissements à très long terme, il est légitime de le financer par l’endettement. En fait, il crée un cercle vertueux: le financement solidaire rend les mesures acceptables et en accélère la mise en œuvre. A contrario, renoncer à investir maintenant pénaliserait nos conditions de vie ainsi que l’avenir de nos enfants.