Les partisans de l’initiative sur l’immigration de masse ont joué avec l’avenir de la population suisse. Ils ont en particulier prétendu que cette initiative n’aurait aucune incidence sur la situation actuelle. Que les accords existants avec l’Union européenne ne seraient pas touchés. Ce que le Parti socialiste a dit pendant toute la campagne est en train de se réaliser. Cette initiative ne fait que des perdants et les problèmes liés à la libre circulation que rencontre une partie de la population ne sont en aucun cas résolus.
Oui, cette initiative a des conséquences. Les premières victimes sont les étudiantes et les étudiants de ce pays qui se voient exclus du programme Erasmus. Erasmus représente une immense occasion pour les jeunes de perfectionner leur formation à l’étranger. Ainsi étudier dans d’autres institutions, dans une autre langue, sous d’autres cieux n’était plus réservé aux étudiantes et étudiants fortunés mais à toutes celles et tous ceux qui en faisaient la demande. Aujourd’hui cet horizon est fermé, à moins que la Confédération ne s’y engage financièrement. Pareil pour le programme Horizon 2020, gelé par l’Union européenne ou l’accord Médias, qui offrait aux milieux culturels suisses des plates-formes d’expansion et de reconnaissance. Le Parti socialiste s’engage avec toutes celles et tous ceux qui manifestent depuis deux semaines pour une Suisse sociale, solidaire et ouverte sur le monde.
Deuxième conséquence, le Conseil fédéral et le Parlement devront travailler à mettre en œuvre l’article constitutionnel accepté en votations populaires. Sur ce sujet, on entend déjà certains entrepreneurs vouloir tirer profit de la nouvelle donne. Et plaider pour de nouvelles catégories de saisonniers. D’un côté, les saisonniers pour les métiers modestes, qui n’auraient pas droit au regroupement familial; de l’autre, les salariés étrangers des grandes multinationales, qui bénéficieraient de conditions plus favorables, dont l’autorisation de résidence pour leur famille. Ainsi l’étranger travaillant dans un hôtel ou un restaurant serait tenu de sourire toute la journée, mais n’aurait pas le droit de serrer dans ses bras sa femme et ses enfants, une fois son travail terminé. Pensent-ils vraiment, ces milieux économiques, que les vingt-huit pays de l’Union européenne accepteront de sacrifier ainsi la dignité de leurs citoyens? Nous, en tous les cas, nous ne l’acceptons pas.
Enfin, nous devrons nous battre afin de sauver la voie bilatérale menacée par l’initiative de l’UDC et renforcer dans le même temps les mesures d’accompagnement. Rien n’est résolu. Au contraire, tout reste à (re)faire. La Suisse qui a dit non le 9 février doit continuer à rester mobilisée. Pour une Suisse sociale dans une Europe sociale. Pour une libre circulation sans discrimination des personnes. Pour des mesures d’accompagnement sur le marché du travail, l’immobilier et la formation.