Selahattin Demirtas a été invité ce printemps au parlement suisse et a été accueilli par la présidente du Conseil national, ainsi que par Christian Levrat, en qualité de président de la Commission de politique extérieure du Conseil des Etats (CPE-E). Son arrestation est inacceptable et un nouvel affront majeur fait à la démocratie et à l’état de droit en Turquie. La Suisse doit s’engager, au travers de la voie diplomatique, pour obtenir la libération de Demirtas, Yüksekdağ et des autres politicien-ne-s concernés.
La visite du ministre turc des affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a montré les rapports difficiles qui sont entretenus avec la Turquie. Il est vrai que la Suisse entretient le dialogue. Elle devrait donc profiter de telles rencontres pour aborder des questions comme la situation précaire des droits humains, les vagues d’arrestations ou encore les mesures collectives (censure et fermetures des médias critiques vis-à-vis du gouvernement).
L’autoritarisme croissant du gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan, qui poursuit sa répression, conduit à l’arrestation des co-dirigeants du HDP. La réintroduction de la peine de mort représente une nouvelle atteinte inacceptable aux droits humains, excluant de facto la Turquie du Conseil de l’Europe. C’est pourquoi le PS appelle le Conseil fédéral à intervenir pour l’état de droit, la démocratie et la séparation des pouvoirs en Turquie :
- Le Conseil fédéral doit exiger la libération immédiate des politicien-ne-s retenus prisonniers.
- Le CICR et le Conseil de l’Europe doivent pouvoir visiter les prisonniers.
- Le Conseil fédéral doit s’engager, afin que la mission d’observation (« Fact Finding Mission ») planifiée de longue date par l’ONU soit enfin acceptée par le gouvernement turc.
- Le Conseil fédéral doit donner mandat à l’officier de liaison, récemment nommé auprès de la Turquie, de rassembler les éléments de preuve relatifs aux éventuels crimes de guerre et atteintes graves aux droits humains, permettant de mettre un terme à la culture d’impunité dans laquelle se complaît l’actuel gouvernement turc.
- La collaboration de la Suisse avec les services secrets turcs doit immédiatement être interrompue et ce, aussi longtemps que les droits humains ne seront pas garantis en Turquie.
- Toute exportation de matériel de guerre et de munitions en provenance de la Suisse doit cesser, tout comme des licences ou des machines-outils, dont l’utilisation pourrait être détournée. Le Conseil fédéral doit mettre un terme à tout soutien vis-à-vis de l’industrie d’armement turc, jusqu’à ce que l’état de droit et la démocratie soient réinstaurés en Turquie.