Depuis bientôt deux ans, notre pays, comme le reste de l’humanité, traverse une crise sanitaire très difficile. C’est probablement la pire pandémie depuis 1918. Il y a déjà eu plus de 5 millions de décès documentés dans le monde en raison du coronavirus, en réalité bien davantage.
Dans certains pays, plus d’un demi-pourcent de la population est décédé. Chez nous, le nombre de décès est heureusement inférieur, mais malgré tout beaucoup trop élevé. Cette pandémie apporte beaucoup de souffrances. Elle stresse tout le monde : les hôpitaux, les EMS, les familles, les entreprises. Elle a déjà coûté 25 milliards de francs d’endettement supplémentaire à la Confédération.
Et, vous, Mesdames et Messieurs de l’UDC, premier parti du pays, confortablement installés au Conseil fédéral, que faites-vous dans cette situation ? Quelle est votre réponse à la crise ? Quel soutien apportez-vous à la Suisse ?
Eh bien, vous essayez systématiquement de saboter la lutte contre la pandémie.
Lors de la votation du week-end dernier, vous avez essayé de torpiller le système du certificat, qui permet, hors des pics épidémiques, de mener une vie plus ou moins normale.
Vos propositions concernant la loi que nous traitons aujourd’hui visent à supprimer toutes les mesures modérées pour limiter les contagions. Il ne resterait plus que le gros marteau du « lockdown », celui dont le coût économique et psychologique est le plus élevé.
Après avoir hurlé que les vaccins arrivaient trop tard et après avoir construit une campagne grotesque contre le conseiller fédéral Berset au sujet de Lonza, à peine les vaccins étaient-ils disponibles que vous avez commencé à saboter la vaccination. D’abord insidieusement, en parlant de liberté et de choix personnel, comme s’il n’y avait pas d’enjeu collectif ! Et maintenant frontalement, durant la dernière campagne de votation, en vous vous acoquinant avec les réseaux antivaccins internationaux de la pire espèce.
L’une de vos sections cantonales est même allée jusqu’à recommander dans une intervention au Grand Conseil, l’Ivermectine, un vermifuge pour équidés qui est dangereux pour les humains. A croire que vous prenez vos électrices et électeurs pour des ânes, au propre comme au figuré !
L’un de vos deux ministres – vous reconnaîtrez lequel – passe son dimanche à tenir des propos visant à délégitimer non seulement la vaccination, mais aussi les mesures sanitaires et le Conseil fédéral lui-même.
Attaquer les institutions, en pleine crise, voilà votre stratégie ! Au moment où la pleine solidarité gouvernementale devient vitale, votre action ne cherche qu’à diviser et aggraver les problèmes.
Je sais que dans vos rangs, dans cette salle, de nombreux membres du groupe de l’UDC sont gênés par cette politique du pire. Je sais que dans le pays, beaucoup de vos soutiens sont aussi choqués par cette politique nuisible.
Aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, le moment est venu de montrer que vous avez du bon sens, de l’indépendance d’esprit et du courage !
Il est temps de ne plus cautionner les dangereux dérapages d’un appareil de parti qui considère cette maudite pandémie avant tout comme une occasion de faire du marketing en surfant sur des référendums et en attisant la folie antivax. Destructrice, cette attitude est indigne de notre démocratie semi-directe.
Alors que la pandémie n’est de loin pas maîtrisée, la campagne de haine et de mensonges à l’échelle industrielle voulue par la direction de l’UDC n’est plus acceptable. En plus de la santé de nos concitoyens, c’est la culture politique et démocratique de notre pays qui est menacée.
Par conséquent, je demande à l’UDC de changer d’attitude et de prendre quatre décisions claires et dignes, à savoir :
1. d’arrêter de saper la politique de lutte contre l’épidémie en soutenant des référendums idiots ;
2. de retirer ses proposition de minorité ;
3. de se distancer clairement des anti-vax ;
4. d’appeler sans ambigüité la population à se vacciner.
Dimanche dernier, le peuple nous a donné un signal extrêmement clair. La majorité silencieuse de ce pays en a assez des irresponsables qui contribuent à prolonger l’épidémie.