Le 15 janvier 2015, la décision lourde de conséquences de la direction de la Banque nationale suisse (BNS) tombait : le cours-plancher du franc face à l’euro était abandonné. Cette décision concernant tout le pays émane de trois personnes. La menace de la désindustrialisation est bien réelle et le cas Alstom n’en est que le début. L’association faîtière Swissmechanic estime que, dans l’industrie des machines, jusqu’à 10’000 places de travail pourraient disparaître d’ici la fin de l’année. Ce sont les travailleurs et les travailleuses qui en pâtissent, puisque les places de travail délocalisées sont définitivement perdues.
La semaine prochaine, la Commission économie et redevances du Conseil national (CER-N) traitera trois initiatives parlementaires déposées par le PS et visant à éviter que des décisions erronées de la part de la BNS ne puissent se répéter. Le PS suggère une extension et une meilleure définition des tâches de la BNS. En plus de la « stabilité de prix », la BNS doit également aspirer à stabiliser les cours du change et à maintenir le nombre de places travail à un niveau élevé. Ainsi, le risque de cas semblables à celui d’Alstom sera amoindri. « La sauvegarde des places de travail figure dans les tâches prioritaires d’autres banques nationales », explique le conseiller national (BE) Matthias Aebischer, en faisant notamment référence à la « Fed » américaine. Jean Christophe Schwaab, conseiller national (VD), précise encore que « sans une stabilité monétaire, l’avenir de la place industrielle suisse est largement prétérité, ce qui relève donc clairement de l’intérêt général du pays ».
Dans une troisième intervention, le PS exige que les procès-verbaux de la Direction de la BNS soient rendus publics, passé le délai d’un an. Pour Susanne Leutenegger Oberholzer, conseillère nationale (BL), « l’indépendance de la BNS exige en contrepartie de la transparence et de la lisibilité. La publication ultérieure des procès-verbaux poussera la banque centrale à expliquer ses choix et justifier ses divergences ».