La dernière facture de l’assurance maladie avec la nouvelle prime date déjà de quelques mois. Quelle en était l’augmentation ? Selon les données de l’Office fédéral de la statistique, en 2018 les primes de l’assurance-maladie de base ont augmenté en moyenne de 3,7% par rapport à l’année précédente. Le même office confirme que « la hausse des primes entre 2017 et 2018 a ralenti la croissance du revenu disponible moyen de 0,3 point »[1]. Autrement dit, dans les portemonnaies des assuré-es, l’argent à disposition pour la consommation et l’épargne sont en diminution constante.
Un cadeau amer qui nous attend tous les Noëls et devient chaque année de plus en plus lourd. En effet, au cours des 20 dernières années, les primes des caisses-maladie ont plus que doublé, tandis que les salaires et les rentes de vieillesse ont à peine progressé.
Source : statistique de l’AOS 2016, chiffres USS
La sévérité de la situation a été accrue par le désengagement progressif des cantons dans le financement des réductions individuelles de primes. Cela est notamment à mettre sur le compte des baisses d’impôts, qui ont engendré des pertes fiscales importantes. En somme, de moins en moins d’assuré-es jouissent actuellement de subsides.
Source : statistique de l’AOS 2016
Il est grand temps d’agir
Afin d’alléger le poids des primes sur les budgets des assuré-es, le Congrès du PS Suisse a décidé de lancer l’initiative d’allègement des primes, qui vise à ce qu’aucun ménage en Suisse n’ait à consacrer plus de 10 % de son revenu disponible aux primes d’assurance-maladie.
D’un côté l’initiative vise à soutenir les assuré-es, de l’autre les cantons proposent une solution à la fois sociale, équitable et praticable.
En réduisant la charge des primes pesant sur les assuré-e-s, l’initiative garantit l’accès aux prestations de soins de base pour toutes et tous. Aujourd’hui, de plus en plus d’assuré-es ne parviennent plus à payer leurs primes. En outre, certains cantons tiennent des listes noires de personnes qui ne sont pas en mesure de payer ces primes. Ainsi, les prestations ne sont parfois plus prises en charge.
L’initiative s’attaque également à la problématique du renoncement aux soins. Pour pouvoir bénéficier d’une prime plus basse, beaucoup d’assuré-es optent pour une franchise élevée. Plus la franchise est élevée, plus la participation aux coûts des assuré-es augmente, ce qui rend plus difficile l’accès aux soins de santé. Selon plusieurs études, chaque année, entre 10 et 20 % des personnes assurées en Suisse ne se rendent pas chez le médecin par crainte de devoir faire face à des coûts qu’elles ne seront pas en mesure d’assumer. Dans bien des cas, elles repoussent les traitements jusqu’à ce que ceux-ci deviennent vitaux ou que des complications se déclarent. En fin de compte, les coûts s’avèrent beaucoup plus élevés que si la personne s’était rendue à temps chez le médecin.
L’initiative prévoit d’autre part des mesures pour soutenir les cantons en renforçant le mécanisme éprouvé des réductions individuelles de primes (RIP). Actuellement les RIP sont co-financées à 50% par la Confédération et les cantons. Selon le nouveau modèle, le financement des subsides serait assumé par la Confédération à hauteur de deux tiers.
L’introduction de l’assurance obligatoire des soins en 1996 a représenté un jalon majeur dans la construction de l’Etat social en Suisse, mais son financement, qui s’effectue indépendamment du revenu des assuré-es à travers la prime par tête, a un caractère antisocial. L’initiative d’allègement des primes a pour ambition de changer cela. Ce changement sera possible seulement avec un large soutien. Êtes-vous prêt-es ?
Rassemblons dès à présent nos forces pour une récolte de signatures, le plus rapidement possible. Plus d’informations sur le site de l’initiative https://primes-reduites.ch
[1] OFS, Communiqué de presse du 23.11.2018 https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/prix/primes-assurance-maladie.assetdetail.6526039.html