Face aux mutations au sein même de la population, une réforme est nécessaire afin de pérenniser la prévoyance retraite. Trois défis de taille que sont l’arrivée à la retraite des baby-boomers, l’allongement progressif de l’espérance de vie et, enfin, la diminution des rendements des avoirs individuels placés sur les marchés financiers imposent des changements.
Une situation déjà tendue
Dans le deuxième pilier en particulier, la situation est déjà tendue étant donné que plusieurs caisses de pensions importantes ont déjà introduit des taux de conversion inférieurs à 5 % afin de pouvoir assurer le versement des rentes. Si rien n’est entrepris pour consolider de manière durable notre système de retraites, les assurés se verront contraints de payer des cotisations supplémentaires pour assainir leur caisse de pension, sans augmentation des rentes en contrepartie.
Alors que les inégalités salariales persistent, la majorité du Parlement a décidé d’augmenter l’âge de la retraite des femmes. La gauche a tenté de combattre ce relèvement totalement injuste, sans succès. Mais faut-il pour autant refuser la réforme ? Non, car des améliorations notables sont prévues dans le compromis façonné au Conseil des Etats, et elles font plus que compenser cette hausse d’une année.
Des avantages incontestables pour les femmes
En augmentant les rentes AVS annuelles de 840 francs, les femmes seront avantagées puisqu’elles bénéficieront davantage du système du premier pilier qui, par son mécanisme redistributif, leur est heureusement déjà favorable.
Aujourd’hui, le système de la LPP désavantage les petits salaires et en particulier les femmes puisqu’elles sont nombreuses à travailler à temps partiel. Le projet prévoit de renforcer ces rentes jusqu’à 10 % grâce au nouveau calcul du salaire assuré qui permettra aux femmes qui gagnent entre 21’150 et 55’000 francs par an de percevoir une meilleure rente du 2e pilier.
En cas de refus, le plan B sera brutal
En cas d’échec de la réforme, le plan B des partis bourgeois est prêt : augmentation immédiate de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, baisse du taux de conversion, tout ceci sans les mesures de compensation sur le niveau des rentes prévues par le Conseil des Etats. Pire, selon cette volonté, l’AVS ferait face rapidement à un sous-financement programmé, avec en ligne de mire un relèvement de l’âge de la retraite général à 67 ans.
Le compromis forgé par la Chambre haute mise sur la complémentarité de l’AVS et du 2e pilier. La stabilité de nos retraites dépend du succès de ce projet équilibré.