Non à l’accord de libre-échange avec l’Indonésie
Chaque heure, une part de la forêt tropicale de la taille de 100 terrains de football disparaît en Indonésie.
Les conséquences de cette déforestation imprudente sont dramatiques : elle mène à l’expulsion de leurs terres, par la force, de familles possédant de petites exploitations, détruit l’habitat des animaux, réduit la biodiversité et entraîne massivement le changement climatique. Selon l’Institut fédéral de recherches sur les forêts, la neige et le paysage, chaque hectare de forêt tropicale défriché libère plus de 170 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. La déforestation est responsable de 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les principaux moteurs de la déforestation sont les énormes plantations de palmiers à huile qui permettent chaque année à leurs propriétaires d’empocher des milliards.
L’accord avec l’Indonésie vise à rendre cette affaire sale encore plus rentable. Il prévoit des critères de durabilité, mais ces critères, établis par la RSPO, ne sont que théoriques, avec une mise en œuvre et des contrôles insuffisants dans la pratique. Il n’y a là rien de surprenant : la RSPO est une organisation privée dans laquelle siègent principalement des entreprises du secteur de l’huile de palme. Ces entreprises à but lucratif se contrôlent généreusement en ce qui concerne le label de durabilité. Pour que la norme RSPO ait un effet, il faut de meilleurs contrôles et sanctions en cas de violation des critères. L’accord avec l’Indonésie et sa mise en œuvre en Suisse sont certes un pas dans la bonne direction, mais ne vont pas assez loin. En ce qui concerne les futurs accords commerciaux, c’est avant tout le SECO qui est sollicité : pour assurer le respect de ces normes de durabilité, il faut de la volonté politique et des ressources.
La conclusion est claire : les critères de durabilité de l’accord avec l’Indonésie, s’ils sont pertinents en théorie, n’ont que peu de valeur au vu de l’absence d’implémentation dans la pratique.
Les 99 % paient la facture
Dans d’autres parties de l’accord, il est par ailleurs clair que seul le 1 % le plus riches et les entreprises en bénéficient : par exemple, le traité prévoit un renforcement massif de la protection des obtentions végétales. Les petites familles d’agriculteurs en Indonésie sont ainsi contraintes de dépendre des entreprises et de payer des taxes annuelles pour les semences brevetées. Les variétés locales de semences seront déplacées et la sécurité alimentaire des petits agriculteurs en sera grandement menacée.
L’accord prévoit également des règles plus strictes pour les brevets de médicaments. Les prix exorbitants des médicaments signifient déjà que d’innombrables personnes n’ont pas accès à des médicaments qui pourraient leur sauver la vie. Le renforcement prévu des règles menace d’augmenter massivement ce nombre avec la disparition des produits génériques bon marché. Des médicaments vitaux deviennent ainsi un luxe que de nombreuses personnes en Indonésie ne peuvent plus se permettre.
Tous ces points sont clairs : le prix de cet accord de libre-échange sera payé par les 99 %. En tant que Parti socialiste, nous ne pouvons en aucun cas le permettre. Il faut mettre fin au libre-échange dans l’intérêt des plus puissants, et mettre en place un commerce équitable pour toutes et tous !