Les derniers chiffres du plan financier du Conseil fédéral, le dernier rapport sur l’armée et la consultation sur la coopération internationale (CI) révèlent une triste corrélation : un gonflement sans précédent des dépenses de l’armée fait face à un démantèlement dévastateur de la coopération au développement. C’est pourquoi le PS a présenté aujourd’hui des alternatives viables à la politique financière de démantèlement insensée de la droite au détriment de la population suisse et de la coopération internationale.
« Bien que les derniers chiffres du plan financier du Conseil fédéral donnent un signal de fin d’alerte, le Département des finances et la majorité de droite veulent imposer, sans nécessité aucune, un programme de démantèlement », déclare la conseillère nationale socialiste Priska Seiler Graf (ZH). « La pression budgétaire est dûe aux augmentations insensées des dépenses de l’armée, effectuées dans la panique peu après le début de la guerre en Ukraine. Celles-ci ne correspondent pas à la situation réelle de la menace pour la Suisse et n’apportent rien à l’Ukraine. » Les dernières exigences de la direction de l’armée sont également délirantes : un programme de réarmement de plus de 100 milliards de francs, alors que la Confédération doit réduire les autres dépenses et que les habitant-es de notre pays sont confronté-es à des hausses de loyers records, à une explosion des primes d’assurance-maladie et à une baisse des salaires réels.
On taille massivement dans des postes budgétaires qui nécessitent urgemment un soutien financier : dans le maintien du pouvoir d’achat, dans la formation, dans le service public ou dans la coopération au développement. « L’absurdité de la politique financière de droite est clairement illustrée par l’exemple de la coopération internationale, qui devrait ainsi être réduite à son niveau le plus bas depuis 2003 », déclare la conseillère nationale socialiste Claudia Friedl (SG). « De plus, la reconstruction de l’Ukraine sera entièrement imputée au budget de la coopération internationale. C’est irresponsable au vu de l’ampleur des défis à relever. Il faudrait plutôt une augmentation de la coopération internationale et un financement de la reconstruction de l’Ukraine en dehors de ce budget. » La guerre en Ukraine a entraîné une déstabilisation mondiale. En conséquence, nous sommes également confronté-es à de grands défis dans le domaine de la migration. Dans ce contexte, la politique financière de l’État doit pouvoir réagir avec plus de flexibilité.
Interpréter intelligemment le frein à l’endettement, alimenter le fonds pour l’avenir
La droite fête ces jours-ci les vingt ans du frein à l’endettement. Mais sa vision de cet instrument est rétrograde, et elle n’a aucun plan pour l’utiliser de manière durable : « la Suisse a l’un des taux d’endettement les plus bas au monde. Un frein à l’endettement intelligemment interprété, et non utilisé de manière restrictive, laisserait une marge de manœuvre bien plus importante », déclare la conseillère nationale socialiste Sarah Wyss (BS). « Des économistes de renom insistent depuis longtemps pour que la dette soit stabilisée par rapport à la croissance économique plutôt que d’être réduite. Ainsi, nous pourrions garantir que le taux d’endettement reste bas et que les investissements nécessaires pour l’avenir soient tout de même effectués. Cela répond également au mandat constitutionnel de stabilisation de la dette. »
L’une des principales erreurs de construction de la politique financière de la droite est que les déficits passés doivent certes être compensés, mais que les excédents passés ne peuvent pas être utilisés pour réaliser des investissements dans l’avenir. « C’est pourquoi nous proposons un “fonds pour l’avenir“ », explique Sarah Wyss. « Les excédents du compte de compensation doivent pouvoir être utilisés en partie pour financer des dépenses orientées vers l’avenir : investissements dans des places de crèche abordables, dans la transition énergétique ou dans des retraites décentes, ainsi que pour la reconstruction de l’Ukraine. »
En résumé : le budget fédéral est fondamentalement stable. L’augmentation réflexe ad hoc des dépenses de l’armée est erronée, entraîne des coupes inutiles (comme dans l’éducation) ainsi que des exercices de démantèlement sur le dos des personnes dont le pouvoir d’achat est menacé. La conception inutilement restrictive du frein à l’endettement aggrave encore la situation. Le PS en est convaincu : une autre politique financière — comme par exemple le « fonds pour l’avenir » — est possible et urgemment nécessaire. Vingt ans après l’introduction du frein à l’endettement, il faut en tirer les bonnes conséquences. Le PS se battra pour cela lors des prochains débats budgétaires.
Discours (en allemand)